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direction de son père. La presse périodique la plus sérieuse ne sait plus se passer d’un rédacteur féminin ; à l’Académie française, le prix d’éloquence et le prix de poésie sont fréquemment accordés à des femmes.

Il est donc irréfutable que la femme a une place bien marquée dans les lettres.

Sauf par exception, la femme écrivain évitera de s’aventurer sur le terrain de la politique et des finances ; rarement elle essaiera d’aborder la haute littérature et le théâtre. Il y a toute une catégorie d’écrits à la portée du talent littéraire féminin où il est facile de réussir : les livres pour l’enfance et la jeunesse, la nouvelle, les ouvrages de pédagogie et de compilation, les traductions de langues étrangères, le roman honnête. Une imagination fertile, l’observation fine et perspicace, un esprit sentimental et, par dessus tout, une loquacité proverbiale, sont accordés à l’unanimité au sexe féminin. La femme, bavarde par nature, aime à écrire ; ayant l’opportunité d’épancher le trop plein de son âme sur le papier, elle deviendra, incontestable avantage, plus taciturne dans sa vie privée.

À tout âge, la femme peut écrire ; infirme, souffrante, elle peut encore écrire dans son lit sans se fatiguer. En soignant ses enfants, sans s’éloigner de son ménage, elle peut s’acquitter de ce travail. La carrière d’écrivain est donc la plus appropriée à la femme instruite[1]

L. d’Alq. 

  1. La dernière partie de cette préface a paru dans le Figaro du 22 septembre 1888, sous la rubrique les Carrières féminines, par Mme  L. d’Alq.