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ANTHOLOGIE FÉMININE

fécond… Il n’en est pas de la traduction comme de la copie d’un tableau, où le copiste s’assujettit à suivre les traits, les couleurs, les proportions, les contours, les attitudes de l’original qu’il imite. Cela est tout différent. Un bon traducteur n’est point si contraint… Dans cette imitation comme dans toutes les autres, il faut que l’âme, pleine des beautés qu’elle veut imiter et enivrée des heureuses vapeurs qui s’élèvent de ces sources fécondes, se laisse ravir et transporter par cet enthousiasme étranger, et qu’elle produise ainsi des expressions et des images très différentes, quoique semblables.


PRÉFACE DE LA TRADUCTION DE L’ILIADE

…Plus un original est parfait dans le grand et dans le sublime, plus il perd dans les copies, cela est certain. Il n’y a donc point de poète qui perde tant qu’Homère dans une traduction où il n’est pas possible de faire passer la force, l’harmonie, la noblesse, la majesté de ses expressions, et de conserver l’âme qui est répandue dans sa poésie et qui fait de tout son poème comme un corps vivant et animé.

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On a dit : « Il faut traduire les poètes en vers pour conserver tout le feu de la poésie. » Il n’y aurait assurément rien de mieux si on le pouvait, mais de le croire possible, c’est une erreur, et qui, à mon avis, peut être démontrée. J’ai osé l’avancer autrefois dans ma Préface sur Anacréon, et depuis ce temps-là je me suis entièrement confirmée dans mon sentiment…