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DEUXIÈME PÉRIODE

Il faut compter qu’il n’y a aucune condition qui n’ait ses peines ; c’est l’état de la vie humaine : rien de pur, tout est mêlé. C’est vouloir s’affranchir de la loi commune que de prétendre à un bonheur constant. Les personnes qui vous paroissent les plus heureuses, si vous aviez compté avec leur fortune ou avec leur cœur, ne vous le paroîtroient guère. Les plus élevés sont souvent les plus malheureux. Avec de grands emplois et des maximes vulgaires, on est toujours agité. C’est la raison qui ôte les soucis de l’âme, et non pas les places. Si vous êtes sage, la fortune ne peut ni augmenter ni diminuer votre bonheur.

Jugez par vous-même, et non par l’opinion d’autrui. Les malheurs et les déréglemens viennent des faux jugemens ; les faux jugemens, des sentimens, et les sentimens, du commerce que l’on a avec les hommes ; vous en revenez toujours plus imparfait. Pour affoiblir l’impression qu’ils font sur vous, et pour modérer vos désirs et vos chagrins, songez que le temps emporte et vos peines et vos plaisirs ; que chaque instant, quelque jeune que vous soyez, vous enlève une partie de vous-même.


AVIS D’UNE MÈRE À SA FILLE

…Les vertus des femmes sont difficiles, parce que la gloire n’aide pas à les pratiquer. Vivre chez soi, ne régler que soi et sa famille, être simple, juste et modeste, vertus pénibles, parce qu’elles sont obscures… Que votre première parure soit donc la modestie, elle augmente la beauté et sert de voile à la laideur ; la modestie est le