Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Précisément, on est à même de fournir à la première dans leurs raffinements les plus extrêmes, les moyens de rester dans sa sphère le cas échéant. Sans s’imposer aucun sacrifice, ses parents peuvent lui payer des professeurs de grand mérite ; peu importe qu’elle passe plusieurs années avant d’être capable de produire un tableau digne d’attention ou d’avoir acquis une voix remarquable ; elle peut suivre à loisir les cours de philosophie comparée, et aussi avoir un laboratoire. Qui pourra se plaindre que Mme de Rothschild fasse des expériences de chimie, ou que Mlle Canrobert passe ses journées dans son atelier, le pinceau à la main ? Quel mal y aura-t-il à ce que la princesse V… grave des eaux-fortes, et la comtesse de … compose des vers qu’elle fera imprimer ensuite luxueusement à ses frais, sans avoir besoin d’attendre après un éditeur ?

Dans une classe qui, sans être riche, a des horizons aussi élevés, existe une autre difficulté. L’instruction, les fréquentations, l’entourage créent des aspirations matérielles et intellectuelles, s’accordant mal avec ce qu’il est possible de réaliser, et font d’une position aisée, comparée à la pauvreté, une misère dorée qu’il s’agit d’améliorer sans se déclasser, c’est-à dire sans quitter son salon, sans rien perdre de son élégance, sans renoncer à la vie moderne.

La veuve ou fille d’officier supérieur, de nobles ruinés, de magistrats, ne peut pas se faire couturière ni blanchisseuse ; il ne lui reste que la position d’institutrice, et, outre que la concurrence est grande, la santé et la jeunesse sont là indispensables.

Pour ce cas particulier, s’offrent deux carrières vastes