Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
ANTHOLOGIE FÉMININE

Dans ces lieux écartés que la nature est belle !
Rien ne la défigure, elle y garde toujours
La même autorité qu’avant qu’on eût contre elle
Imaginé des lois l’inutile secours.
Ici le cerf, l’agneau, le paon, la tourterelle.
Pour la possession d’un champ ou d’un verger
  N’ont point ensemble de querelle ;
  Nlul bien ne leur est étranger ;
Nul n’exerce sur l’autre un pouvoir tyrannique.
Et d’aïeux éclatants pas un d’eux ne se pique.
............
  Avec étonnement j’y vois
  Que le plus petit des reptiles.
  Cent fois plus habile que moi,
Trouve pour tous ses maux des remèdes utiles.
Qui de nous, dans le temps de sa prospérité,
  À l’active fourmi ressemble ?
............
  Quels états sont mieux policés
  Que l’est une ruche d’abeilles ?
C’est là que les abus ne se sont point glissés
Et que les volontés en tout temps sont pareilles.
De leur roi qui les aime elles sont le soutien ;
On sent leur aiguillon dès qu’on cherche à leur nuire ;
  Pour les châtier il n’a rien :
  Il n’est roi que pour les conduire
  Et que pour leur faire du bien.
............
Ah ! n’avons-nous pas du nous dire mille fois,