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DEUXIÈME PÉRIODE

Ce nom, jadis si beau, si révéré de tous,
  N’a plus rien, aimable Amarante,
  Ni d’honorable ni de doux,
  Sitôt que, par la voix commune,
De ce titre odieux on se trouve chargé.
De toutes les vertus n’en manquât-il pas une,
Suffit qu’un bel esprit en nous ait érigé,
Pour ne pouvoir prétendre à la moindre fortune.
..............
Pourrez-vous toujours voir votre cabinet plein
  Et de pédants et de poètes,
Qui vous fatigueront avec un front serein
  Des sottises qu’ils auront faites ?
Pourrez-vous supporter qu’un fat de qualité,
Qui sait à peine lire et qu’un caprice guide.
  De tout vos ouvrages décide ?
  Un esprit de malignité
  Dans le monde a su se répandre ;
On achète un bon livre afin de s’en moquer :
C’est des plus longs travaux le fruit qu’il faut attendre,
  Personne ne lit pour apprendre,
  On ne lit que pour critiquer.
Vous riez, vous croyez ma colère chimérique,
  L’amour-propre vous dit tout bas
Que je vous fais grand tort, que vous ne devez pas
Du plus rude censeur redouter la critique.
Eh bien ! considérez que dans chaque maison
Où vous aura conduit un importun usage,
Dès qu’un laquais aura prononcé votre nom :