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ANTHOLOGIE FÉMININE

embrasser le protestantisme ; son autre parente, l’altière Mme de Neuillant, qui la contraignait à se convertir au catholicisme en lui faisant panser les chevaux et garder les dindons ; enfin, revenue auprès de sa mère, obligée d’aller, s’enveloppant d’une mante, chercher la soupe distribuée à la porte d’un presbytère… sa mère morte, reprenant sa vie d’humiliations chez Mme de Neuillant, et, pour échapper à cette tutelle tyrannique, épousant, sans dot, le cul-de-jatte Scarron… Telle fut la première partie de l’existence de la future Mme de Maintenon. Le philosophe poète se dit qu’avec une telle femme il pourrait conjurer la pauvreté.

C’est à cette époque qu’en donnant à dîner chez son mari il lui arrivait de faire oublier à ses convives, par l’attrait de sa conversation, les plats qui manquaient. Après la mort du pauvre poète, envers lequel elle se conduisit avec dévouement, elle obtint une place de gouvernante des enfants du duc du Maine ; Louis XIV put apprécier son bon sens et son tact parfait. Ici encore, sa vertu et son esprit la servirent ; elle avait plus de cinquante ans quand le roi l’épousa secrètement. Elle utilisa le temps de son influence à de sages institutions. Elle fonda l’établissement d’éducation des demoiselles de Saint-Cyr, écrivit des Lettres et Entretiens sur l’éducation qui sont fréquemment consultés dans les cours pédagogiques. C’est à ce titre