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instruites, si elles savaient trouver dans la lecture, dans l’étude toujours nouvelle et si attrayante des sciences le moyen de se suffire à elles-mêmes et de conserver, par leur conversation, quelque attrait pour des hommes sérieux, elles supporteraient la vieillesse avec plus de sérénité.

Malgré les ajustements d’aujourd’hui si rajeunissants, la femme ne peut défier impunément les années : il y a une limite, tant reculée qu’elle puisse la rejeter ; de même que l’homme prudent épargne pour ses vieux jours, la femme doit faire provision pour quand elle ne paiera plus de mine. Pour ce moment… désagréable, elle doit réserver un fonds de bonté, de réputation, d’estime et d’érudition qui l’aideront dans ce passage du Rubicon.

D’ailleurs combien de jeunes filles sont capables de ces fortes études ? Le nombre en est tellement minime qu’il n’a pas lieu d’inquiéter. Les femmes savantes seront toujours en très petit nombre. En moyenne, l’instruction des femmes est peut-être un peu plus élevée qu’il y a quarante ans ; cependant, le nombre de jeunes filles trop ignorantes est encore de beaucoup plus fort que le nombre de jeunes filles trop savantes dont on nous menace.

Je connais des femmes qui n’ont jamais lu un livre sérieux et ne savent de la politique et des sciences que ce dont leurs maris veulent bien leur faire part ; j’affirme qu’elles ne sont ni plus recherchées, ni plus aimées, ni d’un commerce plus intéressant. Leur conversation ne roule que sur les potins de l’office et de la couturière. Il est vrai que leurs maris sont parfaitement libres d’aller au cercle, car elles bâillent aussitôt qu’ils ouvrent la bouche, et la conversation