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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES

la Sicile et la Sardaigne[1], dans le midi de l’Espagne[2] et en Algérie, où elle est indiquée comme rare[3]. C’est donc une espèce assez limitée quant à son aire géographique.

Trèfle. — Trifolium pratense, Linné.

La culture du Trèfle n’existait pas dans l’antiquité, quoique sans doute la plante fût connue de presque tous les peuples d’Europe et de l’Asie tempérée occidentale. L’usage s’en est introduit d’abord dans les Flandres, au XVIe siècle, peut-être même plus tôt, et, d’après Schwerz, les protestants expulsés par les Espagnols la portèrent en Allemagne, où ils s’établirent sous la protection de l’Électeur palatin. C’est aussi de Flandre que les Anglais la reçurent, en 1633, par l’influence de Weston, comte de Portland, lord Chancelier[4].

Le Trifolium pratense est indigène dans toutes les parties de l’Europe, en Algérie[5], sur les montagnes de l’Anatolie, en Arménie et dans le Turkestan[6], en Sibérie vers l’Altaï[7], et dans le Cachemir et le Garwall[8].

L’espèce existait donc, en Asie, dans la région des peuples aryens, mais on ne lui connaît pas de nom sanscrit, d’où l’on peut inférer qu’elle n’était pas cultivée.

Trèfle incarnat ou FarouchTrifolium incarnatum, Linné.

Fourrage annuel, dont la culture, dit Vilmorin, longtemps limitée à quelques-uns des départements méridionaux, devient tous les jours plus générale en France[9]. De Candolle, au commencement du siècle actuel, ne l’avait vue effectivement que dans l’Ariège[10]. Elle existe, depuis à peu près soixante ans, aux environs de Genève. Targioni ne pense pas qu’elle soit ancienne en Italie[11], et le nom très insignifiant de Trafogliolo appuie cette opinion.

Les noms catalans , Fench[12] et des patois du midi de la France[13] Farradje (Roussillon), Farratage (Languedoc), Féroutgé (Gascogne), d’où le nom de Farouch, ont au contraire une ori-

  1. Bertoloni, Flora ital., 8, p. 6.
  2. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 262.
  3. Munby, Catal., éd. 2, p 12.
  4. De Gasparin, Cours d’agriculture, 4, p. 445, d’après Schwerz et A. Young.
  5. Munby, Catal., éd. 2, p. 11.
  6. Boissier, Flora orient., 1, p. 115.
  7. Ledebour, Flora ross., 1, p. 548.
  8. Baker, dans Hooker, Flora of brit. India, 2, p. 86.
  9. Bon jardinier, 1880, part. 1, p. 618.
  10. De Candolle, Flore franç. 4, p. 528.
  11. Targioni, Cenni storici, p 35.
  12. Costa, Introd. fl. di Catal., p. 60.
  13. Moritzi, Dict. mss. rédigé d’après les flores publiées avant le milieu du siècle actuel.