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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES

beaucoup d’espèces annuelles, on la voyait paraître dans les décombres, les bords de haies, les terrains peu cultivés, et l’on ne savait pas s’il fallait la regarder comme spontanée. Dans l’Europe occidentale et méridionale, elle semble adventive, plus ou moins naturalisée ; mais, dans le sud-est de la Russie et dans l’Asie occidentale tempérée, elle paraît spontanée. Steven[1] l’indique dans « les bois de la Crimée, çà et là ». M. Boissier[2] a reçu plusieurs échantillons des provinces au midi du Caucase, de Turcomanie et des montagnes de la Perse septentrionale, localités probablement naturelles de l’espèce. Elle manque aux flores de l’Inde et de l’Asie orientale.

Les auteurs grecs n’en ont pas parlé. La première mention chez les anciens est dans Columelle et Pline[3], c’est-à-dire au commencement de l’ère chrétienne. On la cultivait. Pline l’appelle Cerefolium. Probablement l’espèce s’était introduite dans le monde gréco-romain depuis Théophraste, c’est-à-dire dans le laps des trois siècles qui ont précédé l’ère actuelle.

Persil. — Petroselinum sativum, Moench

Cette Ombellifère bisannuelle est sauvage dans le midi de l’Europe, depuis l’Espagne jusqu’en Macédoine. On l’a trouvée aussi à Tlemcen en Algérie et dans le Liban[4].

Dioscoride et Pline en ont parlé sous le nom de Petroselinon et Petroselinum, mais comme d’une plante sauvage et officinale[5]. Rien ne prouve qu’elle fût cultivée de leur temps. Dans le moyen âge Charlemagne la comptait parmi les plantes qu’il ordonnait de cultiver dans ses jardins[6]. Olivier de Serres, au XVIe siècle, cultivait le Persil. Les jardiniers anglais l’ont reçu en 1548[7].

Quoique la culture ne soit pas ancienne et importante, il s’est produit déjà deux races, qu’on appellerait des espèces, si on les voyait à l’état spontané : le Persil à feuilles frisées et celui dont la racine charnue est comestible.

Ache ou Maceron. — Smyrnium Olus-atrum, Linné.

De toutes les Ombellifères servant de légumes, celle-ci a été une des plus communes dans les jardins pendant environ quinze siècles, et maintenant elle est abandonnée. On peut suivre ses commencements et sa fin. Théophraste en parlait comme d’une plante officinale sous le nom de Ipposelinon, mais trois cents ans

  1. Steven, Verzeichniss taurischen Halbinseln, p. 183.
  2. Boissier, Flora orient., 2, p. 913.
  3. Lenz, Botanik der alten Griechen und Rœmer, p. 572.
  4. Munby, Catal. Alger., éd. 2, p. 22 ; Boissier, Flora orientalis, 2 p., 857.
  5. Dioscorides, Mat. medica, 1. 3, c. 70 ; Pline, Hist., l. 20, c. 12.
  6. La liste de ces plantes est dans Meyer, Geschichte der Botanik, 3>. p. 401.
  7. Phillips, Companion to kitchen garden, 2, p. 33.