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IGNAMES

l’une des espèces de l’Archipel indien. Si l’on adopte ce dernier parti, le vrai D. sativa serait la plante cultivée à Ceylan, dont Linné avait eu connaissance, et que Thwaites nomme effectivement Dioscorea sativa, Linné. Divers auteurs admettent l’identité de la plante de Ceylan avec d’autres cultivées au Malabar, à Sumatra, à Java, aux Philippines, etc. Blume[1] prétend que le D. sativa L., auquel il attribue la planche 51 de Rheede (Malabar, vol. 8), croît dans les lieux humides des montagnes de Java et du Malabar. Il faudrait, pour ajouter foi à ces assertions, que la question de l’espèce eût été étudiée soigneusement, d’après des échantillons authentiques.

L’Igname la plus généralement cultivée dans les îles de la mer Pacifique, sous le nom de Ubi (prononcez Oubi) y est le Dioscorea alata de Linné. Les auteurs des XVIIe et XVIIIe siècle en parlent comme étant très répandue à Taïti, à la Nouvelle-Guinée, aux Moluques, etc.[2]. On en distingue plusieurs variétés, suivant la forme des rhizomes. Personne ne prétend avoir trouvé cette espèce à l’état sauvage, mais la flore des îles d’où elle est probablement originaire, en particulier celle des Célèbes, de la Nouvelle-Guinée, etc., est encore peu connue.

Transportons-nous en Amérique. Là aussi, plusieurs espèces de ce genre croissent spontanément, par exemple au Brésil, dans la Guyane, etc., mais il semble que les formes cultivées ont été plutôt introduites. En effet, les auteurs indiquent peu de variétés ou espèces cultivées (Plumier une, Sloane deux), et peu de noms vulgaires. Le plus répandu est Yam, Igname ou Inhame, qui est d’origine africaine, suivant Hugues, ainsi que la plante cultivée de son temps aux Barbades[3].

Le mot Yam, d’après lui, signifie manger, dans les idiomes de plusieurs des nègres de la côte de Guinée. Il est vrai que deux voyageurs plus rapprochés de la découverte de l’Amérique, cités par M. de Humboldt[4], auraient entendu prononcer le nom d’Igname sur le continent américain : Vespucci, en 1497, sur la côte de Paria ; Cabrai, en 1500, au Brésil. D’après celui-ci, le nom s’appliquait à une racine dont on faisait du pain, ce qui conviendrait mieux au Manioc et me fait craindre une erreur, d’autant plus qu’un passage de Vespucci, cité ailleurs par M. de Humboldt[5], montre la confusion qu’il faisait entre la Manioc et l’Igname. Le D. Cliffortiana Lam. croît sauvage au Pérou[6] et au Brésil[7], mais il ne m’est pas prouvé qu’on le cultive. Presl

  1. Blume, Enum. plant. Javæ, p. 22.
  2. Forster, Plant. esculent., p. 56 ; Rumphius, Amboin., vol. 5, pl. 120, 121 etc.
  3. Hughes, Hist. nat. Barb., p. 226 et 1750.
  4. De Humboldt, Nouv. Esp., 2e éd., vol. 2, p. 468.
  5. De Humboldt, ibid., p. 403.
  6. Hænke, dans Presl. Rel., p. 133.
  7. Martius, Flora brasiliensis, V, p. 43.