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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES

lement près des lacs Huron, Supérieur et plus au nord[1], circonstance assez singulière, comparée à l’habitation européenne. La forme qui se trouve dans les Alpes est la plus rapprochée de celle qu’on cultive[2].

Les anciens devaient certainement connaître l’espèce, puisqu’elle est sauvage en Italie et en Grèce. Targioni croit que c’est le Scorodon Schiston de Théophraste, mais il s’agit de mots sans descriptions, et les auteurs spéciaux dans l’interprétation des textes grecs, comme Fraas et Lenz, ont la prudence de ne rien affirmer. Si les noms anciens sont douteux, le fait de la culture à cette époque l'est encore plus. Il est possible qu’on eût l’habitude de récolter la plante dans la campagne.

Colocase. — Arum esculentum, Linné. — Colocasia antiquorum, Schott[3].

On cultive cette espèce, dans les localités humides de la plupart des pays intertropicaux, à cause du renflement de la partie inférieure de la tige, qui forme un rhizome comestible, analogue à la partie souterraine des Iris. Les pétioles et les jeunes feuilles sont utilisés accessoirement comme légume.

Depuis que les différentes formes de l’espèce ont été bien classées et qu’on possède des documents pus certains sur les flores du midi de l’Asie, on ne peut plus douter que cette plante ne soit spontanée dans l’Inde, comme le disait jadis Roxburgh[4], et plus récemment Wight[5], et autres ; à Ceylan[6], à Sumatra[7] et dans plusieurs îles de l’archipel indien[8].

Les livres chinois n’en font aucune mention avant un ouvrage de l’an 100 de notre ère[9]. Les premiers navigateurs européens l’ont vue cultivée au Japon et jusqu’au nord de la Nouvelle-Zélande[10], par suite probablement d’introductions anciennes sans coexistence certaine avec des pieds sauvages. Lorsqu’on jette des fragments de la tige ou du tubercule ils se naturalisent aisément au bord des cours d’eau. C’est peut-être ce qui est arrivé aux îles Fidji et au Japon, d’après les localités indiquées par les auteurs[11]. On cultive la Colocase çà

  1. Asa Gray, Botany of northem States, éd. 5, p. 534.
  2. De Candolle, Flore française, 4, p. 227.
  3. Arum Ægyptium, Columna, Ecphrasis 2, p. 1, tab. 1 ; Rumphius, Amboin., vol. 5, tab. 109. — Arum Colocasia et A. esculentum, Linné. — Colocasia antiquorum, Scbott, Melet., 1, 18 ; Engler in D. C. Monogr. Phaner., 2, p. 491.
  4. Roxburgh, Fl. ind., 3, p. 495.
  5. Wight, Icones, t. 786.
  6. Thwaites, Enum. plant. Zeylan., p. 335.
  7. Miquel, Sumatra, p. 258.
  8. Rumpbius, Amboin., vol. 5, p. 318.
  9. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical works, p. 12.
  10. Forster, Plantæ escul., p. 58.
  11. Franchet et Savatier, Enum., p. 8 ; Seemann. Flora Vitiensis, p. 284.