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ÉCHALOTE

Échalote. — Allium Ascalonicum, Linné.

On croyait, sur le dire de Pline[1], que le nom était tiré de la ville d’Ascalon, en Judée ; mais M. le Dr E. Fournier[2] pense que l’auteur latin s’est trompé sur le sens du mot Askalônion de Théophraste. Quoi qu’il en soit, ce nom s’est conservé dans nos langues modernes sous la forme d’Échalote en français, Chalote en espagnol, Scalogno en italien, Aschaluch ou Eschlauch en allemand, etc.

En 1855, j’avais parlé de cette espèce de la manière suivante[3] : « D’après Roxburgh[4], on cultive beaucoup l’Allium Ascalonicum dans l’Inde. On lui attribue le nom sanscrit de Pulandoo (prononcez Poulandou), mot presque identique avec Palandu, attribué à l’Allium Cepa[5]. Évidemment la distinction entre ces deux espèces n’est pas claire dans les ouvrages indiens ou anglo-indiens.

« Loureiro dit avoir vu l’Allium Ascalonicum cultivé en Cochinchine[6], mais il ne cite pas la Chine, et Thunberg n’indique pas cette espèce au Japon. Ainsi, vers la région orientale de l’Asie, la culture n’est pas générale. Ce fait et le doute sur le nom sanscrit me font croire qu’elle n’est pas ancienne dans l’Asie méridionale. Malgré le nom de l’espèce, je ne suis pas persuadé qu’elle existât non plus dans l’Asie occidentale. Rauwolf, Forskal et Delile ne l’indiquent pas en Sibérie, en Arabie et en Égypte. Linné[7] cite Hasselquist comme ayant trouvé l’espèce en Palestine. Malheureusement il ne donne pas de détails sur la localité ni sur la condition de spontanéité. Dans les Voyages de Hasselquist[8], je vois un Cepa montana croissant au mont Thabor et sur une montagne voisine ; mais rien ne prouve que ce soit l’espèce. Dans son article sur les Oignons et Aulx des Hébreux (p. 290), il ne mentionne que l’Allium Cepa, puis les Porrum et sativum. Sibthorp ne l’a pas trouvé en Grèce[9], et Fraas ne l’indique pas comme cultivé actuellement dans ce pays[10]. D’après Koch[11], il s’est naturalisé dans les vignes près de Fiume. Toutefois M. de Visiani[12] n’en parle que comme cultivé en Dalmatie.

« D’après l’ensemble des faits, je suis amené à l’idée que l’Al-

  1. Pline, Hist., 1. 19, c. 6.
  2. Il doit en parler dans une publication intitulée Cibaria, qui va paraître.
  3. Géographie bot. raisonnée, p. 829.
  4. Roxburgh, Fl ind., éd. 1832, vol. 2. p. 142.
  5. Piddington, Index.
  6. Loureiro, Fl. cochinch., p. 251.
  7. Linné, Species, p. 429.
  8. Hasselquist, Voy. and trav., 1766, p. 281, 282.
  9. Sibthorp, Prodr.
  10. Fraas, Syn. fl. class., p. 291.
  11. Koch, Synops. fl. Germ., 2 « éd., p. 833.
  12. Visiani, Flora dalmat., p. 138.