Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
BATATE

dique plusieurs autres noms que Piddington omet. Roxburgh[1] ne cite aucun nom sanscrit. Rheede[2] dit que la plante était cultivée au Malabar. Il cite des noms vulgaires indiens.

Les motifs sont beaucoup plus forts, ce me semble, en faveur de l’origine américaine. Si la Batate avait été connue dans l’Inde à l’époque de la langue sanscrite, elle se serait répandue dans l’ancien monde, car sa propagation est aisée et son utilité évidente. Il paraît, au contraire, que les îles de la Sonde, l’Égypte, etc., sont restées étrangères pendant longtemps à cette culture.

Peut-être un examen attentif ramènera-t-il à l’opinion de G. F. W. Meyer, qui distinguait[3] la plante asiatique des espèces américaines. Cependant on n’a pas suivi généralement cet auteur, et je soupçonne que, s’il y a une espèce asiatique différente, ce n’est pas, comme le croyait Meyer, la Batate décrite par Rumphius, que celui-ci dit apportée d’Amérique, mais la plante indienne de Roxburgh.

On cultive des Batates en Afrique ; mais, ou leur culture est rare, ou les espèces sont différentes. Robert Brown[4] dit que le voyageur Lockhardt n’avait pas vu la Batate, dont les missionnaires portugais mentionnaient la culture. Thonning[5] ne l’indique pas. Yogel a rapporté une espèce cultivée sur la côte occidentale, qui est certainement, d’après les auteurs du Flora Nigritiana, le Batatas paniculata Choisy. Ce serait donc une plante cultivée pour ornement ou comme espèce officinale, car la racine en est purgative[6]. On pourrait croire que, dans certains pays de l’ancien ou du nouveau monde, l’Ipomœa tuberosa L. aurait été confondu avec la Batate ; mais Sloane[7] nous avertit que ses énormes racines. ne sont pas bonnes à manger[8].

Une Convolvulacée à racine comestible qui peut bien être confondue avec la Batate, mais dont les caractères botaniques sont pourtant distincts, est l’Ipomœa mammosa, Choisy (Convolvulus mammosus, Loureiro Batata mammosa, Rumphius, Amb., 1. 9, tab. 131). Cette espèce croit spontanément près d’Amboine (Rumphius), où elle est aussi cultivée. Elle est estimée en Cochinchine.

Quant à la Batate (Batatas edulis), aucun botaniste, à ma con-

  1. Roxburgh, éd. 1832, vol. 1, p. 483.
  2. Rheede, Mal., 7, p. 95.
  3. Meyer, Primitiæ Fl. Esseq., p. 103.
  4. R. Brown, Bot. Congo, p. 55.
  5. Thonning, Pl. Guin.
  6. Wallich, dans Roxburgh, Fl. Ind., II, p. 63.
  7. Sloane, Jam., I, p. 152.
  8. Plusieurs Convolvulacées ont des racines (plus exactement des souches) volumineuses, mais alors c’est la base de la tige avec une partie de la racine qui est épaissie, et cette souche radicale est toujours purgative (Jalaps, Turbith, etc.), tandis que dans la Batate ce sont les racines latérales, organe différent, qui s’épaississent.