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OBSERVATIONS GÉNÉRALES

donnée ; mais les résultats statistiques auraient été sensiblement les mêmes.

Sur les 247 espèces que j’ai étudiées, l’ancien monde en a fourni 199, l’Amérique 45, et 3 sont encore douteuses à cet égard.

Aucune espèce n’était commune aux parties tropicales ou australes des deux mondes avant d’être mises en culture. L’Allium Schœnoprasum, le Fraisier (Fragaria vesca), le Groseillier (Ribes rubrum), le Châtaignier (Castanea vulgaris) et le Champignon de couches (Agaricus campestris) étaient communs aux régions septentrionales de l’ancien et du nouveau monde. Je les ai comptés comme de l’ancien monde, parce que c’est là qu’est leur habitation principale, et qu’on a commencé de les cultiver.

Un très grand nombre d’espèces sont originaires à la fois d’Europe et de l’Asie occidentale, d’Europe et de Sibérie, de la région méditerranéenne et de l’Asie occidentale, de l’Inde et de l’Archipel asiatique, des Antilles et du Mexique, de ces deux régions et de la Colombie, du Pérou et du Brésil, ou du Pérou et de la Colombie, etc., etc. On pourrait les compter dans le tableau. C’est une preuve de l’impossibilité de subdiviser les continents et de classer les îles en régions naturelles bien définies. Quel que soit le mode de division, il y aura toujours des espèces communes à deux, trois ou quatre régions, et d’autres cantonnées dans une petite partie d’un seul pays. Les mêmes faits se présentent pour les espèces non cultivées.

Une chose vaut la peine d’être notée : c’est l’absence ou l’extrême rareté de plantes cultivées originaires de certains pays. Par exemple, aucune n’est venue des régions arctiques ou antarctiques, dont les flores, il est vrai, se composent d’un petit nombre d’espèces. Les États-Unis, malgré leur vaste territoire, qui fera vivre bientôt des centaines de millions d’hommes, ne présentaient, en fait de plantes nutritives, dignes d’être cultivées, que le Topinambour et des Courges. Le Zizania aquatica, que les indigènes récoltaient à l’état sauvage, est une Graminée trop inférieure à nos céréales et au Riz pour qu’il valût la peine de la semer. Ils avaient quelques bulbes et baies comestibles, mais ils n’ont pas essayé de les cultiver, ayant reçu de bonne heure le Maïs, qui valait infiniment mieux.

La Patagonie et le Cap n’ont pas fourni une seule espèce. La Nouvelle-Hollande et la Nouvelle-Zélande ont donné un arbre, Eucalyptus globulus, et un légume, peu nourrissant, le Tetragonia. Leurs flores manquaient essentiellement de Graminées, analogues aux céréales, de Légumineuses à graines comestibles, et de Crucifères à racines charnues[1]. Dans la partie tropicale et humide de la Nouvelle-Hollande, on a trouvé le Riz et l’Alocasla macrorhiza sauvages, ou peut-être naturalisés ; mais la plus

  1. Voir la liste des plantes utiles d’Australle, par sir J. Hooker, Flora Tasmanniæ, p. ex, et Bentham, Flora australiensis, 7, p. 150, 156.