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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES

seulement entre les tropiques ou dans des localités voisines un peu exceptionnelles. En outre, il ne réussit pas loin de la mer.

Le Cocotier abonde sur le littoral des régions chaudes de l’Asie des îles au midi de ce continent, et dans les pays analogues en Afrique et en Amérique, mais on peut affirmer qu’il date d’une introduction de moins de trois cents ans au Brésil, aux Antilles et sur la côte occidentale d’Afrique.

Pour le Brésil, Piso et Marcgraf[1] semblent admettre une origine étrangère, sans le dire positivement. De Martius, qui a publié sur les Palmiers un ouvrage très important[2] et a parcouru les provinces de Bahia, Pernambouc et autres, où le Cocotier abonde, ne dit pas qu’il y soit spontané. Ce sont les missionnaires qui l’ont introduit à la Guyane[3]. Sloane[4] le dit d’origine étrangère aux Antilles. Un vieux auteur du XVIe siècle, Martyr, cité par lui, parle de cette introduction. Elle a eu lieu probablement peu d’années après la découverte de l’Amérique, car Joseph Acosta[5] avait vu le Cocotier à Porto-Rico, dans le XVIe siècle. D’après de Martius, ce sont les Portugais qui l’ont introduit sur la côte de Guinée. Beaucoup de voyageurs ne l’ont pas même mentionné dans cette région, où il joue apparemment un petit rôle. Plus commun sur la côte orientale et à Madagascar, il n’est pourtant pas nommé dans plusieurs ouvrages sur les plantes du Zanzibar, les Seychelles, Maurice, etc., peut-être parce qu’on l’a considéré comme cultivé dans cette région.

Évidemment le Cocotier ne peut-être originaire ni d’Afrique ni de la partie orientale de l’Amérique intertropicale. Ces pays étant éliminés, il reste la côte occidentale de l’Amérique tropicale, les îles de la mer Pacifique, l’archipel Indien et le midi du continent asiatique, où l’arbre abonde, avec toute l’apparence d’être plus ou moins spontané et d’ancienne existence.

Les navigateurs Dampier et Vancouver[6] l’ont trouvé au commencement du XVIIe siècle, constituant des forêts, dans les îles près de Panama, non sur la terre ferme, et dans l’île des Cocos, située à 300 milles anglais du continent dans la mer Pacifique. À cette époque, ces îles n’étaient pas habitées. On a trouvé plus tard le Cocotier sur la côte occidentale, du Mexique au Pérou, mais en général les auteurs n’affirment pas qu’il y fût spontané, à l’exception cependant de Seemann[7], qui a vu le Cocotier à la fois sauvage et cultivé dans l’isthme de Panama. D’après Her-

  1. Piso, Brasil., p. 65 ; Marcgraf, p. 138.
  2. Martius, Historia naturalis Palmarum. 3 vol. in-folio. Voir vol. 2, p. 125.
  3. Aublet, Guyane, suppl., p. 102.
  4. Sloane, Jamaïca, 2, p. 9.
  5. J. Acosta, Hist. nat. des Indes, traduction française, 1598, p. 178.
  6. Vafer, Voyage de Dampier, éd. 1705, p. 186 ; Vancouver, éd. française, p. 325, cités par de Martius, Hist. nat. Palm., 1, p. 188.
  7. Seemann, Botany of Herald, p. 204.