Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
338
PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES

japonais Koba[1]. Le nom de Sesam est commun au grec, au latin et à l’arabe, sauf des variations insignifiantes de lettres. On pourrait en inférer que l’habitation était très étendue et qu’on aurait commencé à cultiver la plante dans plusieurs pays séparément. Mais il ne faut pas donner trop d’importance à un argument de cette nature. Les ouvrages chinois font présumer que le Sésame n’a pas été introduit en Chine avant l’ère chrétienne. La première mention suffisamment certaine se trouve dans un livre du Ve ou VIe siècle, intitulé Tsi min yao chou[2]. Antérieurement, il y avait un peu de confusion de nom avec le Lin, dont la graine donne aussi de l’huile et qui n’est pas d’ancienne date en Chine[3].

Théophraste et Dioscoride disent que les Égyptiens cultivaient une plante appelée Sésame, pour en tirer de l’huile, et Pline ajoute qu’elle venait de l’Inde[4]. Il parle aussi d’un Sésame sauvage en Égypte, dont on tirait de l’huile, mais c’était probablement le Ricin[5]. Il n’est pas prouvé que les anciens Égyptiens, avant l’époque de Théophraste, aient cultivé le Sésame. On n’en a pas trouvé de figure ni de graines dans les monuments. Un dessin du tombeau de Ramses III montre l’usage de mêler de petites graines avec la farine des pâtisseries, et de nos jours cela se fait en Égypte avec les graines de Sésame, mais on se sert aussi d’autres graines (Carvi, Nielle), et il n’est pas possible de reconnaître dans le dessin celles de Sésame en particulier[6]. Si les Égyptiens avaient connu l’espèce au temps de l’Exode, 1100 ans avant Théophraste, il est probable que les livres hébreux l’auraient mentionnée, à cause des usages variés de la graine et surtout de l’huile. Cependant les commentateurs n’en ont trouvé aucune trace dans l’Ancien Testament. Le nom Semsem ou Simsim est bien sémitique, mais seulement de l’époque, moins ancienne, du Talmud[7] et du traité d’agriculture d’Alawwam[8], rédigé depuis l’ère chrétienne. Ce sont peut-être les Sémites qui ont porté la plante et le nom Semsem (d’où Sesam des Grecs) en Égypte, après l’époque des grands monuments et de l’Exode. Ils ont pu la recevoir, avec le nom, de la Babylonie, où l’on cultivait le Sésame, d’après Hérodote[9].

Une ancienne culture dans la région de l’Euphrate se concilie

  1. Thumberg, Fl. jap., p. 254.
  2. Bretschneider, lettre du 23 août 1881.
  3. Bretschneider, On study, etc., p. 16.
  4. Théophraste, 1. 8, c. 1, 5 ; Dioscorides, 1. 2, c. 121 ; Pline, Hist., 1. 18, c. 10.
  5. Pline, Hist., 1. 15, c. 7.
  6. Wilkinson, Manners and customs, etc., vol. 2 ; Unger, Pflanzen des alten Ægyptem, p. 45.
  7. Reynier, Économie publique des Arabes et des Juifs, p. 431 ; Löw, Aramäische Pflanzennamen, p. 376.
  8. E. Meyer, Geschichte der Botanik, 3, p. 75.
  9. Hérodote, l. 1, c. 193.