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SÉSAME

gascar, et dans certaines colonies de l’Amérique tropicale, mais avec un succès médiocre au point de vue commercial.

Sésame. — Sesamum indicum, de Candolle (S. indicum et S. orientale, Linné).

Le Sésame est cultivé, depuis très longtemps, dans les régions chaudes de l’ancien monde, pour l’huile qu’on extrait de ses graines.

La famille des Sésamées, à laquelle appartient cette plante annuelle, se compose de plusieurs genres, distribués dans les régions tropicales d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. Chaque genre n’a qu’un petit nombre d’espèces. Le Sesamum, pris dans le sens le plus large[1], en a une dizaine, toutes d’Afrique, sauf peut-être l’espèce cultivée, dont nous allons chercher l’origine. Celle-ci compose à elle seule le vrai genre Sesamum, qui est une section dans l’ouvrage de MM. Bentham et Hooker. L’analogie botanique indiquerait une origine africaine, mais on sait qu’il y a bon nombre de plantes dont l’habitation s’étend de l’Asie méridionale à l’Afrique.

Le Sésame présente deux races, l’une à graines noires, l’autre à graines blanches, et plusieurs variétés quant à la forme des feuilles. La différence de couleur des graines remonte à une grande antiquité, comme cela se voit dans le Pavot.

Les graines de Sésame se répandent souvent hors des cultures et naturalisent plus ou moins l’espèce. On l’a remarqué dans des régions très éloignées les unes des autres, par exemple dans l’Inde, les îles de la Sonde, l’Égypte et même aux Antilles, où certainement la culture est d’introduction moderne[2]. C’est peut-être la cause pour laquelle aucun auteur ne prétend avoir trouvé la plante à l’état sauvage, si ce n’est Blume[3], observateur très digne de foi, qui mentionne une variété à fleurs plus rouges qu’à l’ordinaire croissant dans les montagnes de Java. Voilà sans doute un indice d’origine, mais il en faut d’autres pour une véritable preuve. Je les chercherai dans l’histoire de la culture. Le pays où elle a commencé doit être l’ancienne habitation de l’espèce, ou s’être trouvé en rapport avec cette ancienne habitation.

Que la culture remonte en Asie, à une époque très reculée, c’est assez clair d’après la diversité des noms. Le Sésame se nomme en sanscrit Tila[4], en malais Widjin, en chinois Moa (d’après Rumphius) ou Chi-ma (d’après Bretschneider), en

  1. Bentham et Hooker, Genera, 2, p. 1059.
  2. Pickering, Chronol. history of plants, p. 223 ; Rumphius, Herb. amboinense, 5, p. 204 ; Miquel, Flora indo-batava, 2, p. 760 ; Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 273 ; Grisebach, Flora of brit. W. India, p. 458.
  3. Blume, Bitjdragen, p. 778.
  4. Roxburgh, Fl. ind., éd. 1832, v. 3, p. 100 ; Piddington, Index.