Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/350

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
336
PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES

fort mal, une graine qu’on ne saurait trop apprécier dans son état naturel.

Caféier de Libérie. — Coffea liberica, Hiern[1].

Depuis quelques années, le jardin royal de Kew a envoyé dans les colonies anglaises des pieds de cette espèce, qui croît spontanément à Libéria, dans l’Angola, à Golungo alto[2] et probablement dans plusieurs autres localités de l’Afrique tropicale occidentale.

La végétation en est plus vigoureuse que celle du Caféier ordinaire, et les graines, d’une dimension plus grande, donnent un excellent produit. Les Rapports officiels du jardin de Kew par sir Joseph Hooker, son savant directeur, font connaître le progrès de cette introduction, qui jouit d’une grande faveur, surtout à la Dominique.

Madia. — Madia sativa, Molina.

Les habitants du Chili, avant la découverte de l’Amérique, cultivaient cette espèce de Composée annuelle pour l’huile contenue dans les graines. Depuis qu’on a planté beaucoup d’Oliviers, le Madia est méprisé par les Chiliens, qui se plaignent seulement de la plante comme mauvaise herbe incommode dans leurs jardins[3]. C’est alors que les Européens se sont mis à la cultiver — avec un succès médiocre, vu la mauvaise odeur des capitules.

Le Madia est indigène au Chili et, en même temps, en Californie[4]. On a d’autres exemples de cette disjonction d’habitation entre les deux pays[5].

Muscadier. — Myristica fragrans, Houttuyn.

Le Muscadier, petit arbre de la famille des Myristicées, est spontané aux Moluques, principalement dans les îles de Banda[6]. Il y est cultivé depuis un temps très long, à en juger par le nombre considérable de ses variétés.

Les Européens ont reçu la noix muscade, par le commerce de l’Asie, depuis le moyen âge ; mais les Hollandais se sont assurés longtemps le monopole de sa culture. Quand les Anglais ont possédé les Moluques, à la fin du siècle dernier, ils ont porté des Muscadiers vivants à Bencoolen et dans l’île du Prince-Édouard[7]. Il s’est répandu ensuite à Bourbon, Maurice, Mada-

  1. Dans Hiern, Transactions of the linnean Society, série 2, vol. 1, p. 171, pl. 24. Cette planche est reproduite dans le Rapport du jardin royal de Kew pour 1876.
  2. Oliver, Flora of tropical Africa, 3, p. 181.
  3. Cl. Gay, Flora chilena. 4, p. 268.
  4. Asa Gray, Botany of California, 1, p. 359.
  5. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 1047.
  6. Rumphius, Amboin., 2, p. 17 ; Blume, Rumphia, 1, p. 180.
  7. Roxburgh, Flora indica, 3, p. 845.