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RIZ

Outre la plante cultivée, Royle[1] mentionne d’autres espèces dont les habitants pauvres de l’Inde recueillent les graines dans la campagne.

D’après l’Index de Piddington, il y a un nom sanscrit, Rajika, et plusieurs autres noms dans les langues modernes de l’Inde. Celui de Coracana vient du nom usité à Ceylan, Kourakhan[2]. Dans l’archipel indien, les noms paraissent moins nombreux et moins originaux.

En Égypte, la culture de cette espèce ne peut pas être ancienne. Les monuments de l’antiquité n’en indiquent aucune trace. Les auteurs gréco-romains, qui connaissaient le pays, n’en ont pas parlé, ni plus tard Prosper Alpin, Forskal, Delile. Il faut arriver à un ouvrage tout récent, comme celui de MM. Schweinfurth et Ascherson, pour trouver l’espèce mentionnée, et je ne puis même, découvrir un nom arabe[3].

Ainsi toutes les probabilités botaniques, historiques et linguistiques concourent à démontrer une origine indienne.

La flore de l’Inde anglaise, dont les Graminées n’ont pas encore paru, nous dira peut-être si l’on a trouvé la plante spontanée dans des explorations récentes.

On cultive en Abyssinie une espèce très voisine, Eleusine Tocussa, Fresenius[4], plante fort peu connue, qui est peut-être originaire d’Afrique.

Riz. — Oryza sativa, Linné.

Dans la cérémonie instituée par l’empereur Chin-Nong, 2800 ans avant Jésus-Christ, le Riz joue le rôle principal. C’est l’empereur régnant qui doit le semer lui-même, tandis que les quatre autres espèces sont ou peuvent être semées par les princes de sa famille[5]. Les cinq espèces sont regardées par les Chinois comme indigènes, et il faut convenir que c’est bien probable pour le riz, vu son emploi général et ancien, dans un pays coupé de canaux et de rivières, si favorable aux plantes aquatiques. Les botanistes n’ont pas assez herborisé en Chine pour qu’on sache jusqu’à quel point le Riz s’y trouve hors des cultures ; mais Loureiro[6] l’a vu dans les marais de la Cochinchine.

Rumphius et les auteurs modernes sur l’archipel indien l’indiquent seulement comme cultivé. La multitude des noms et des variétés fait présumer une très ancienne culture. Dans l’Inde

  1. Royle, Ill. Himal. plants.
  2. Thwaites, Enum. plant. Zeyl., p. 371.
  3. Plusieurs des synonymes et le nom arabe dans Linné, Delile, etc., s’appliquent au Dactyloctenium ægyptiacum, Willdenow, soit Eleusine ægyptiaca, de quelques auteurs, qu’on ne cultive pas.
  4. Fresenius, Catal. sem. horti Francof., 1834 ; Beitrage zur Flora Abyssin., p. 141.
  5. Stanislas Julien, dans Loiseleur, Consid. sur les céréales, part. 1, p. 29 ; Bretschneider, On the study and value of botanical chinese works, p. 8 et 9.
  6. Loureiro, Fl. cochinch., 1, p. 267.