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SEIGLE

plantes d’Orient. Il est possible que les Orges sauvages mentionnées par d’anciens auteurs et par Olivier aient été l’Hordeum hexastichon, mais on n’en a aucune preuve.

Sur les Orges en général.

Nous venons de voir que la seule forme trouvée aujourd’hui spontanée est la plus simple, la moins productive, l’Hordeum distichon, dont la culture est préhistorique, comme celle de l’H. hexastichon. Peut-être l’H. vulgare est-il moins ancien de culture que les deux autres ?

On peut tirer de ces données deux hypothèses : 1o  Une dérivation des Orges à quatre et à six rangs de celle à deux rangs, dérivation qui remonterait aux cultures préhistoriques, antérieures à celles des anciens Égyptiens constructeurs des monuments. 2o  Les Orges à quatre et à six rangs seraient des espèces jadis spontanées, éteintes depuis l’époque historique. Il serait singulier, dans ce cas, qu’il n’en restât aucune trace dans les flores de la vaste région comprise entre l’Inde, la mer Noire et l’Abyssinie, où l’on est à peu près assuré de la culture, au moins de l’Orge à six rangs.

Seigle. — Secale cereale, Linné.

Le Seigle n’est pas d’une culture très ancienne, si ce n’est peut-être en Russie et en Thrace.

On ne l’a pas trouvé dans les monuments égyptiens, et il n’a pas de noms dans les langues sémitiques, même modernes. Il en est de même en sanscrit et dans les langues indiennes qui dérivent du sanscrit. Ces faits concordent avec la circonstance que le Seigle réussit mieux dans les pays septentrionaux que dans ceux du Midi, où généralement, à notre époque, il n’est pas cultivé. Le Dr  Bretschneider[1] pense qu’il est inconnu aux agriculteurs chinois. Il doute de l’assertion contraire d’un auteur moderne et fait remarquer qu’une céréale mentionnée dans les mémoires de l’empereur Kanghi, qu’on peut soupçonner être cette espèce, signifie d’après son nom Blé apporté de Russie. Or le Seigle, dit-il, est cultivé beaucoup en Sibérie. Il n’en est pas question dans les flores japonaises.

Les anciens Grecs ne le connaissaient pas. Le premier auteur qui l’ait mentionné dans l’empire romain est Pline[2], qui parle du Secale, cultivé à Turin, au pied des Alpes, sous le nom de Asia. Galien[3], né en 131 de notre ère, l’avait vu cultivé, en Thrace et en Macédoine, sous le nom de Briza. Ces cultures paraissent peu anciennes, du moins en Italie, car on n’a pas

  1. Bretschneider, On study, etc., p. 18, 44.
  2. Pline, Hist., l. 18, c. 16.
  3. Galenus, De alimentis, 1, 13, cité d’après Lenz, Bot. d. Alten, p. 259.