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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES

la suite de cultures[1]. Les indications des auteurs ne permettent pas de dire qu’il soit spontané en Afrique[2].

Lubia. — Dolichos Lubia, Forskal.

Cette espèce, cultivée en Égypte sous le nom de Lubia, Loubya, Loubyé, d’après Forskal et Delile[3], est peu connue des botanistes. D’après le dernier de ces auteurs, elle existe aussi en Syrie, en Perse et dans l’Inde ; mais je n’en vois nullement la confirmation dans les ouvrages modernes sur ces deux pays, MM. Schweinfurth et Ascherson[4] l’admettent bien comme espèce distincte, cultivée dans la région du Nil. Jusqu’à présent, personne ne l’a trouvée à l’état spontané.

On ne connaît aucun Dolichos ou Phaseolus dans les monuments de l’ancienne Égypte. Nous verrons d’autres indices, tirés des noms vulgaires, conduisant aussi à l’idée que ces plantes se sont introduites dans l’agriculture égyptienne après l’époque des Pharaons.

Le nom Lubia est appliqué par les Berbères, sans changement, et en Espagne sous la forme Alubia, au Haricot commun, Phaseolus vulgaris[5]. Quoique les deux genres Dolichos et Phaseolus se ressemblent beaucoup, c’est un exemple du peu de valeur des noms vulgaires pour la constatation des espèces.

Je rappellerai ici que Loba est un des noms du Phaseolus vulgaris en hindustani, et que Lobia est celui du Dolichos sinensis dans la même langue[6].

Les orientalistes feront bien de chercher si Lubia est ancien dans les langues sémitiques. Je ne vois pas qu’on cite un nom analogue en hébreu et il se pourrait que les Araméens ou les Arabes eussent pris Lubia du Lobos (λοβοϛ) des Grecs, qui signifiait une partie saillante, comme le lobe de l’oreille, un fruit de la nature de ceux des légumineuses et plus particulièrement, selon Galien, le Phaseolus vulgaris, Lobion (λοβιον), dans Dioscoride, est le fruit du Phaseolus vulgaris, du moins selon l’opinion des commentateurs[7]. Il a continué dans le grec moderne avec le même sens, sous la forme de Loubion[8].

Voandzou. — Glycine subterranea, Linné fils. — Voandzeia subterranea, du Fetit-Thouars.

  1. Baker, Fl. of Mauritius, p. 83.
  2. Oliver, Fl. of trop. Africa, 2, p. 210.
  3. Forskal, Descript., p. 133 ; Delile, Plant. cult. en Égypte, p. 14.
  4. Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 256.
  5. Dictionn. français-berbère, au mot haricot ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 324. Le Haricot commun n’a pas moins de cinq noms différents dans la péninsule espagnole.
  6. Piddington, Index.
  7. Lenz, Botanik der alten Griechen und Römer, p. 732.
  8. Langkavel, Botanik der späteren Griechen, p. 4 ; Heldreich, Nutzpflanzen Griechenland’s, p. 72.