Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

prises, dans la péninsule indienne, notamment dans les Ghats occidentaux, avec toute l’apparence d’un arbre indigène sauvage. On le plante beaucoup à Ceylan ; mais Thwaites, la meilleure autorité pour la flore de cette île, ne le reconnaît pas comme spontané. Dans l’archipel au midi de l’Inde, il ne l’est pas non plus, selon l’opinion générale. Enfin, Brandis en a trouvé des pieds dans les forêts du district d’Attaran, pays des Birmans, à l’est de l’Inde, mais il ajoute que c’est toujours à proximité d’établissements abandonnés. Kurz ne l’a pas trouvé spontané dans le Burman anglais[1].

Ainsi l’espèce est originaire du pied des montagnes occidentales de la péninsule indienne, et son extension dans le voisinage, à l’état cultivé, ne remonte probablement pas plus haut que l’ère chrétienne. Il a été apporté à la Jamaïque en 1782, par l’amiral Rodney, et de là à Saint-Domingue[2]. On l’a introduit aussi au Brésil, dans les îles Maurice, Seychelles et Rodriguez[3].

Dattier. — Phœnix dactylifera, Linné.

Le Dattier existe, depuis les temps préhistoriques, dans la zone sèche et chaude qui s’étend du Sénégal au bassin de l’Indus, principalement entre les 15e et 30e degrés de latitude. On le voit çà et là plus au nord, en raison de circonstances exceptionnelles et du but qu’on se propose en le cultivant. En effet, au delà du point où les fruits mûrissent chaque année, il y a une zone dans laquelle ils mûrissent mal ou rarement, et une dernière limite jusqu’à laquelle l’arbre vit encore, mais sans fructifier ni même fleurir. Le tracé de ces limites a été donné d’une manière complète par de Martius, Carl Ritter et moi-même[4]. Il est inutile de les reproduire ici, le but du présent ouvrage étant d’étudier les origines.

En ce qui concerne le Dattier, nous ne pouvons guère nous appuyer sur l’existence plus ou moins constatée d’individus vraiment sauvages ou, comme on dit, aborigènes. Les dattes se transportent facilement ; leurs noyaux germent quand on les sème dans un terrain humide, près d’une source ou d’une rivière, et même dans des fissures de rochers. Les habitants des oasis ont planté ou semé des Dattiers dans des localités favorables où l’espèce existait peut-être avant les hommes, et quand un voyageur rencontre des arbres isolés, à distance des habitations, il ne peut pas savoir s’ils ne viennent pas de noyaux jetés par les caravanes. Les botanistes admettent bien une variété

  1. Rheede, Malabar, 3, p. 18 ; Wight, Icones, 2, num. 678 ; Brandis, Forest flora of India, p. 426 ; Kurz, Forest flora of brit. Burma, p. 432.
  2. Tussac, l. c.
  3. Baker, Flora of Mauritius, etc., p 282.
  4. De Martius, Genera et species Palmarum, in-folio, vol. 3, p. 257 ; G. Ritter, Erdkunde, 13, p. 760 ; Alph. de Candolle, Géographie botanique raisonnée, p. 343.