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OLIVIER

de meilleurs fruits par le choix des graines, les boutures ou les greffes de bonnes variétés.

L’Oleaster existe aujourd’hui dans une vaste région à l’est et à l’ouest de la Syrie, depuis le Punjab et le Belouchistan[1], jusqu’en Portugal et même à Madère, aux lies Canaries et au Maroc[2] ; et, dans la direction du midi au nord, depuis l’Atlas jusqu’au midi de la France, l’ancienne Macédoine, la Crimée et le Caucase[3]. Si l’on compare ce que disent les voyageurs et les auteurs de flores, il est aisé de voir que sur les frontières de cette habitation on a souvent des doutes à l’égard de la qualité spontanée et indigène, c’est-à-dire très ancienne, de l’espèce. Tantôt, elle se présente à l’état de buissons, qui fructifient peu ou point, et tantôt, par exemple en Crimée, les pieds sont rares, comme s’ils avaient échappé, par exception, aux effets destructeurs d’hivers trop rigoureux qui ne permettent pas un établissement définitif. En ce qui concerne l’Algérie et le midi de la France, les doutes se sont manifestés dans une discussion, entre des hommes très compétents, au sein de la Société botanique[4]. Ils reposent sur le fait incontestable que les oiseaux transportent fréquemment les noyaux d’olives dans les endroits non cultivés et stériles, où la forme sauvage de l’Oleaster se produit et se naturalise.

La question n’est pas bien posée lorsqu’on se demande si les Oliviers de telle ou telle localité sont vraiment spontanés. Dans une espèce ligneuse qui vit aussi longtemps et qui repousse du pied quand un accident l’a atteinte, il est impossible de savoir l’origine des individus qu’on observe. Ils peuvent avoir été semés par l’homme ou les oiseaux à une époque très ancienne, car on connaît des Oliviers de plus de mille ans. L’effet de ces semis est une naturalisation, qui revient à dire une extension de l’habitation. Le point à examiner est donc de savoir quelle a été la patrie de l’espèce dans les temps préhistoriques très anciens, et comment cette patrie est devenue de plus en plus grande à la suite des transports de toute nature. Ce n’est pas la vue des Oliviers actuels qui peut résoudre cette question. Il faut chercher dans quels pays a commencé la culture et comment elle s’est propagée. Plus elle a été ancienne dans une région, plus il est probable que l’espèce s’y trouvait à l’état sauvage depuis les événements géologiques antérieurs aux faits de l’homme préhistorique.

  1. Aitchison, Catalogue, p. 86.
  2. Lowe, Manual flora of Madeira, 2, p. 20 ; Webb et Berthelot, Hist. nat. des Canaries, Géogr. bot., p. 48 ; Ball, Spicilegium floræ maroccanæ p. 565.
  3. Cosson, Bull. Soc. bot. France, 4, p. 107, et 7, p. 31 ; Grisebach, Spicilegium floræ rumelicæ, 2, p. 71 ; Steven, Verzeichniss d. taurischen Halbinseln, p. 248 ; Ledebour, Fl. ross., p. 38.
  4. Bulletin, 4, p. 107.