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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

Groseillier noir. — Cassis. — Ribes nigrum, Linné.

Le Cassis existe à l’état spontané dans l’Europe septentrionale, depuis l’Écosse et la Laponie jusque dans le nord de la France et de l’Italie ; en Bosnie[1]. en Arménie[2], dans toute la Sibérie, et la région du fleuve Amour, et dans l’Himalaya occidental[3]. Il se naturalise souvent, par exemple, dans le centre de la France[4].

Les Grecs et les Romains ne connaissaient pas cet arbuste, qui est propre à des pays plus froids que les leurs. D’après la diversité de ses noms dans toutes les langues, même antérieures aux Aryens, du nord de l’Europe, il est clair qu’on en recherchait les fruits à une époque ancienne, et qu’on a probablement commencé à le cultiver avant le moyen âge. J. Bauhin[5] dit qu’on le plantait dans les jardins en France et en Italie, mais la plupart des auteurs du XVIe siècle n’en parlent pas.— On trouve dans l’Histoire de la vie privée des Français, par Le Grand d’Aussy, publiée en 1782, vol. 1, p. 232, cette phrase assez curieuse : « Le Cassis n’est guère cultivé que depuis une quarantaine d’années, et il doit cette sorte de fortune à une brochure intitulée Culture du cassis, dans laquelle l’auteur attribuait à cet arbuste toutes les vertus imaginables. » Plus loin (vol. 3, p. 80), l’auteur revient sur l’usage fréquent du ratafia de cassis depuis la brochure en question. Bosc, toujours exact dans ses articles du Dictionnaire d’agriculture, parle bien de cet engouement, au nom Groseillier, mais il a soin de dire : « On le cultive de très ancienne date, pour son fruit, qui a une odeur particulière, agréable aux uns, désagréable aux autres et passe pour stomachique et diurétique. » Il est employé dans la fabrication des liqueurs appelées ratafia et cassis[6].

Olivier. — Olea europæa, Linné.

L’Olivier sauvage, désigné dans les livres de botanique comme variété sylvestris ou Oleaster, se distingue de l’arbre cultivé par un fruit plus petit, dont la chair est moins épaisse. On obtient

  1. Watson, Compend. Cybele, 1, p. 177 ; Fries, Summa veg. Scandinaviæ, p. 39 ; Nyman, Conspectus floræ europeæ, p. 266.
  2. Boissier. Fl. or., 2, p. 815.
  3. Ledebour, Fl. ross., p. 200 ; Maximovicz, Primitiœ fl. Amur., p. 119 ; Clarke, dans Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 411.
  4. Boreau, Flore du centre de la France, éd. 3, p. 262.
  5. Bauhin, Hist. plant., 2, p. 99.
  6. Ce nom de cassis est assez singulier. Littré, dans son Dictionnaire, dit qu’il semble être entré tardivement dans la langue et qu’il n’en connaît pas l’origine. Je ne l’ai pas trouvé dans les livres de botanique avant le milieu du XVIIIe siècle. Mon recueil manuscrit de noms vulgaires ne présente pas, sur plus de quarante noms de cette espèce dans différentes langues ou patois, un seul nom analogue. Buchoz, dans son Dictionnaire des plantes, 1770, 1, p. 289, appelle la plante le cassis ou cassetier des Poitevins. L’ancien nom français était poivrier ou groseillier noir. Le Dictionnaire de Larousse dit qu’on fabriquait des liqueurs estimées à Cassis, en Provence. Serait-ce l’origine du nom ?