mains, et la culture s’en est introduite dans le moyen âge seulement. La plante cultivée diffère à peine de la plante sauvage. L’origine étrangère pour le midi de l’Europe est attestée par le nom Groseille d’outremer, donné en France[1] au XVIe siècle. A Genève, la Groseille se nomme encore vulgairement Raisin de mare, et, dans le canton de Soleure, Meertrübli. Je ne sais pourquoi on s’est imaginé, il y a trois siècles, que l’espèce venait d’outremer. Peut-être doit-on l’entendre dans ce sens, qu’elle aurait été importée par les Danois et les Normands, ou que ces peuples du nord, venus par mer, en auraient introduit la culture. J’en doute, cependant, car le Ribes rubrum est spontané dans presque toute la Grande-Bretagne[2] et en Normandie[3] ; les Anglais, qui ont eu des rapports fréquents avec les Danois, ne le cultivaient pas encore en 1557, d’après une liste des fruits de cette époque rédigée par Th. Tusser et publiée par Phillips[4], et même du temps de Gerarde, en 1597[5], la culture en était rare et la plante n’avait pas de nom particulier[6] ; enfin, il y a des noms français et bretons qui font supposer une culture antérieure aux Normands dans l’ouest de la France.
Les vieux noms de cette contrée nous sont indiqués dans le Dictionnaire de Ménage. Selon lui, on appelait les groseilles rouges, à Rouen Gardes, à Caen Grades, dans la basse Normandie Gradilles, et dans son pays, en Anjou, Castilles, Ménage fait venir tous ces noms de rubius, rubicus, etc., par une suite de transformations imaginaires, du mot ruber, rouge. Legonidec[7] nous apprend que les Groseilles rouges se nomment aussi Kastilez (avec l mouillée) en Bretagne, et il fait venir ce nom de Castille, comme si un fruit fort peu connu en Espagne et abondant dans le nord pouvait venir de la péninsule. Ces mots, répandus à la fois en Bretagne et hors de Bretagne, me semblent d’une origine celte, et à l’appui je dirai que, dans le Dictionnaire de Legonidec lui-même, gardiz signifie en breton rude, âpre, piquant, aigre, etc., ce qui fait deviner l’étymologie. Le nom générique Ribes a donné lieu à d’autres erreurs. On avait cru reconnaître une plante appelée ainsi par les Arabes ; mais ce mot vient plutôt d’un nom très répandu dans le nord pour le Groseillier, Ribs en danois[8], Risp et Resp en suédois[9].. Les noms slaves sont tout différents et assez nombreux.
- ↑ Dodoneus, p. 748.
- ↑ Watson, Cybele brit.
- ↑ Brebisson, Flore de Normandie, p. 99.
- ↑ Phillips, Account of fruits, p. 136.
- ↑ Gérard, Herbal, p. 1143.
- ↑ Celui de Currant est venu plus tard, par suite de l’analogie avec les raisins de Corinthe (Phillips, ib.).
- ↑ Legonidec, Diction. celto-breton.
- ↑ Moritzi, Dict. inéd. des noms vulgaires.
- ↑ Linné, Flora suecica, n. 197