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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

variété principale et plusieurs sous-variétés quant à la grosseur, la couleur ou la saveur du fruit.

Ce Groseillier croît spontanément dans toute l’Europe tempérée, depuis la Suède méridionale jusque dans les parties montueuses de l’Espagne centrale, de l’Italie et de la Grèce[1]. On le mentionne aussi dans l’Afrique septentrionale, mais le dernier catalogue publié des plantes d’Algérie[2] l’indique seulement dans les montagnes d’Aurès, et M. Ball en a trouvé une variété assez distincte dans l’Atlas du Maroc[3]. Il existe dans le Caucase[4] et, sous des formes plus ou moins différentes, dans l’Himalaya occidental[5].

Les Grecs et les Romains n’ont pas parlé de cette espèce, qui est rare dans le midi et qu’il ne vaut guère la peine de planter là où les raisins mûrissent. C’est surtout en Allemagne, en Hollande et en Angleterre qu’on l’a cultivée, depuis le XVIe siècle[6], principalement pour assaisonnement, d’où viennent les noms de Gooseberry en anglais et de Groseille à maquereaux en français. On en fait aussi une sorte de vin.

La fréquence de la culture dans les îles Britanniques et les lieux où on le trouve, qui sont souvent près des jardins, ont fait naître chez plusieurs botanistes anglais l’idée d’une naturalisation accidentelle. C’est assez probable pour l’Irlande[7] ; mais, comme il s’agit d’une espèce essentiellement européenne, je ne vois pas pourquoi en Angleterre, où la plante sauvage est plus commune, elle n’aurait pas existé depuis l’établissement de la plupart des espèces de la flore britannique, c’est-à-dire depuis la fin de l’époque glaciaire, avant la séparation de l’île d’avec le continent. Phillips cite un vieux nom anglais tout particulier, Feaberry ou Feabes, qui vient à l’appui d’une ancienne existence, de même que deux noms gallois[8], dont je ne puis cependant pas attester l’originalité.

Groseillier rouge. — Ribes rubrum, Linné.

Le Groseillier ordinaire, rouge, est spontané dans l’Europe septentrionale et tempérée, de même que dans toute la Sibérie[9] jusqu’au Kamtschatka, et en Amérique du Canada et du Vermont à l’embouchure de la rivière Mackensie[10].

Comme le précédent, il était inconnu aux Grecs et aux Ro-

  1. Nyman, Conspectus fl. europeæ, p. 266 ; Boissier, Fl. or., 2, p. 815.
  2. Munby, Catal., éd. 2, p. 15.
  3. Ball, Spicilegium fl. marocc., p. 449.
  4. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 194 ; Boissier, l. c.
  5. Clarke, dans Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 410.
  6. Phillips, Account of fruits, p. 174.
  7. Moore et More, Contrib. to the Cybebe hibernica, p. 113.
  8. Davies, Welsh botanology, p. 24.
  9. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 199.
  10. Torrey et Gray, Fl. N. Am., 1, p. 150.