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MELON

On ne connaît aucun nom sanscrit, et les noms indiens, malais et chinois ne sont ni très nombreux ni bien originaux, quoique la culture paraisse plus répandue dans l’Asie méridionale que dans les autres régions entre les tropiques. Elle l’était déjà au XVIIe siècle, d’après l’Hortus Malabaricus, où l’on voit une bonne planche (vol. 8, pl. 2).

Il ne paraît pas que les botanistes du XVIe siècle aient connu cette espèce, car la figure de Dalechamp (Hist., 1, p. 616), que Seringe lui a attribuée, n’en a pas les caractères, et je ne puis découvrir aucune autre figure qui lui ressemble.

Courge à feuilles de figuier. — Cucurbita ficifolia, Bouché. — Cucurbita melanosperma, Braun.

Il s’est introduit, depuis une trentaine d’années, dans les jardins, une Courge à graines noires ou quelquefois brunes, qui diffère des autres espèces cultivées en ce qu’elle est vivace. On l’appelle quelquefois Melon de Siam. Le Bon jardinier dit qu’elle vient de Chine. Le Dr Bretschneider ne m’en a pas parlé dans la lettre de 4881, où il énumère les Courges cultivées par les Chinois.

Jusqu’à présent, aucun botaniste ne l’a trouvée à l’état spontané. Je doute beaucoup qu’elle soit originaire d’Asie, car toutes les espèces connues de Cucurbita vivaces sont du Mexique ou de Californie.

Melon. — Cucumis Melo, Linné.

La question de l’origine du Melon a changé complètement depuis les travaux de M. Naudin. Le mémoire qu’il a publié, en 1859, dans les Annales des sciences naturelles, série 4, volume 11, sur le genre Cucumis, est aussi remarquable que celui sur le genre Cucurbita, Il rend compte d’observations et d’expériences, suivies pendant plusieurs années, sur la variabilité des formes et la fécondation croisée d’une multitude d’espèces, races ou variétés venant de toutes les parties du monde. J’ai parlé ci-dessus (p. 199) du principe physiologique sur lequel il croit pouvoir distinguer des groupes de formes qu’il nomme des espèces, quoique certaines exceptions se soient manifestées et rendent le critère de la fécondation moins absolu. Malgré ces cas exceptionnels, il est évident que si des formes voisines se croisent facilement et donnent des produits féconds, comme cela se voit, par exemple, dans l’espèce humaine, on est obligé de les regarder comme constituant une seule espèce.

Dans ce sens, le Cucumis Melo, d’après les expériences et observations faites par M. Naudin sur environ deux mille individus vivants, constitue bien une espèce, laquelle comprend un nombre extraordinaire de variétés et même de races, c’est-à-dire de formes qui se conservent par hérédité. Ces variétés ou races peuvent se féconder entre elles et donnent des produits variés et