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POTIRON

sûrement pas sans de bons motifs que M. Clarke, dans la flore récente de l’Inde anglaise, n’indique aucune localité hors des cultures.

Les faits sont tout autres en Amérique.

Une variété texana, Cucurbita texana, Asa Gray[1], très voisine de l’ovata, d’après cet auteur, et qu’on rapporte sans hésitation aujourd’hui au C. Pepo, a été trouvée par Lindheimer « au bord des fourrés et dans les bois humides, sur les rives du Guadalupe supérieur, avec les apparences de plante indigène. » Le Dr  Asa Gray ajoute que c’est peut-être un effet de naturalisation. Cependant, comme il existe plusieurs espèces du genre Cucurbita sauvages au Mexique et dans le sud-ouest des États-Unis, on est amené naturellement à tenir l’assertion du collecteur pour bonne. Il ne paraît pas que d’autres botanistes aient trouvé cette plante au Mexique ou aux États-Unis. Elle n’est mentionnée ni dans la Biologia centrali-americana de Hemsley, ni dans la flore récente de la Californie du Dr  Asa Gray.

Quelques synonymes ou échantillons de l’Amérique méridionale, attribués au C. Pepo, me paraissent bien douteux. Il est impossible de savoir ce que Molina[2] a entendu sous les noms de C. Siceratia et C. mammeata, qui paraissent d’ailleurs avoir été des plantes cultivées. Deux espèces décrites brièvement dans le voyage de Spix et Martius (2, p. 536) et rapportées aussi au C. Pepo[3], sont indiquées, à l’occasion de plantes cultivées, sur les bords du Rio Francisco. Enfin l’échantillon de Spruce, 2716, du Rio Uaupès, affluent du Rio Negro, que M. Cogniaux[4] ne dit pas avoir vu et qu’il a rapporté d’abord au C. Pepo, ensuite au C. moschata, était peut-être cultivé ou naturalisé à la suite de quelque transport ou culture, malgré la rareté des habitants de cette contrée.

Les indications botaniques sont donc en faveur d’une origine mexicaine ou du Texas. Voyons si les documents historiques sont conformes ou contraires à cette idée.

Il est impossible de savoir si tel nom sanscrit, grec ou latin de Courge, s’applique à l’une des espèces plutôt qu’à une autre. La forme du fruit est souvent la même, et les caractères distinctifs ne sont jamais mentionnés par les anciens.

Aucune Courge n’est figurée dans l’Herbarius Pataviæ impressus, de 1485, antérieur à la découverte de l’Amérique ; mais les auteurs du XVIe siècle ont publié des planches qui s’y rapportent. Je citerai les trois formes de Pepones figurées à la page 406 de Dodoens, édition de 1557. Une quatrième, Pepo rotundus major, ajoutée dans l’édition de 1616, me paraît rentrer dans le C. maxima. Dans la figure du Pepo oblongus de

  1. A. Gray, Plantæ Lindheimerianæ, part. 2, p. 193.
  2. Molina, Hist. nat. du Chili, p. 377.
  3. Cogniaux, l. c. et Flora brasil., fasc. 78, p. 21.
  4. Cogniaux, Fl. bras. et Monogr. Phan., 3, p. 547.