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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

n’est pas spécifiée dans l’Encyclopédie dont je viens de parler ; mais, à cet égard, les auteurs chinois sont peu attentifs. Après quelques détails sur les noms vulgaires de la pêche dans diverses langues, je disais : « L’absence de noms sanscrits et hébreux reste le fait le plus important, duquel on peut inférer une introduction dans l’Asie occidentale venant de plus loin, c’est-à-dire de Chine. »

« Le Pécher a été trouvé spontané dans plusieurs points de l’Asie ; mais on peut toujours se demander s’il y était d’origine primitive, ou par le fait de la dispersion des noyaux provenant de pieds cultivés. La question est d’autant plus nécessaire que ces noyaux germent facilement et que plusieurs des modifications du Pêcher sont héréditaires[1]. Des pieds en apparence spontanés ont été trouvés fréquemment autour du Caucase. Pallas[2] en a vu sur les bords du Terek, où les habitants lui donnent un nom qu’il dit persan, Scheptala[3]. Les fruits en sont velus, âpres (austeri), peu charnus, à peine plus gros que ceux du Noyer ; la plante petite. Pallas soupçonne que cet arbuste provient de Pêchers cultivés. Il ajoute qu’on le trouve en Crimée, au midi du Caucase et en Perse ; mais Marshall Bieberstein, C.-A. Meyer et Hohenacker n’indiquent pas de Pécher sauvage autour du Caucase. D’anciens voyageurs, Gmelin, Güldenstædt et Georgi, cités par Ledebour, en ont parlé. C. Koch[4] est le seul botaniste moderne qui dise avoir trouvé le Pêcher en abondance dans les provinces caucasiennes. Ledebour ajoute cependant avec prudence : Est-il spontané ? Les noyaux que Bruguière et Olivier avaient apportés d’Ispahan, qui ont été semés à Paris et ont donné une bonne pêche velue, ne venaient pas, comme le disait Bosc[5], d’un Pêcher sauvage en Perse, mais d’un arbre des jardins d’Ispahan[6]. Je ne connais pas de preuves d’un Pécher trouvé sauvage en Perse, et, si des voyageurs en indiquent, on peut toujours craindre qu’il ne s’agisse d’arbres semés. Le docteur Royle[7] dit que le Pêcher croît sauvage dans plusieurs endroits du midi de l’Himalaya, notamment près de Mussouri ; mais nous avons vu que dans ces régions la culture n’en est pas ancienne, et ni Roxburgh ni le Flora nepalensis de Don n’indiquent de Pêcher sauvage. M. Bunge[8] n’a trouvé dans le nord de la Chine que des pieds cultivés. Ce pays n’a guère été exploré, et les légendes chinoises semblent indiquer quelquefois des Pê-

  1. Noisette, Jard. fr., p. 77 ; Trans. Soc, hort. Lond., IV, p. 513.
  2. Pallas, Fl. ross., p. 13.
  3. Shuft-aloo (prononcez Schouft-alou), est le mot persan de la pêche lisse, d’après Royle (Ill. Him., p. 204).
  4. Ledebour, Fl. ross., 1, p. 3. Voir, p. 181, l’opinion subséquente de Koch.
  5. Bosc, Dict. d’agr., IX, p. 481.
  6. Thouin, Ann. Mus., VIII, p. 433.
  7. Royle, Ill. Him., p. 204.
  8. Bunge, Enum. plant. chin., p. 23.