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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

l’arabe[1]. Comment supposer qu’un fruit aussi excellent et qui s’obtient en abondance dans l’Asie occidentale se serait répandu si lentement du nord-ouest de l’Inde vers le monde gréco-romain ? Les Chinois le connaissaient deux ou trois mille ans avant l’ère chrétienne. Chang-Kien était allé jusqu’en Bactriane, un siècle avant cette ère, et il est le premier qui ait fait connaître l’Occident à ses compatriotes[2]. C’est peut-être alors que l’Abricotier a été connu dans l’Asie occidentale et qu’on a pu le cultiver et le voir se naturaliser, çà et là, dans le nord-ouest de l’Inde et au pied du Caucase, par l’effet de noyaux jetés hors des plantations.

Amandier. — Amygdalus communis, Linné. — Pruni species, Baillon. — Prunus Amygdalus, Hooker fils.

L’Amandier se présente, avec l’apparence tout à fait spontanée ou quasi spontanée, dans les parties chaudes et sèches de la région méditerranéenne et de l’Asie occidentale tempérée. Comme les noyaux sortis des cultures naturalisent facilement l’espèce, il faut recourir à des indications variées pour deviner la patrie ancienne.

Écartons d’abord l’idée d’une origine de l’Asie orientale. Les flores japonaises ne parlent pas de l’amandier. Celui que M. de Bunge a vu cultivé dans le nord de la Chine, était le Persica Davidiana[3], Le Dr  Bretschneider[4], dans son opuscule classique, nous apprend qu’il n’a jamais vu l’Amandier cultivé en Chine, et que la compilation publiée sous le nom de Pent-sao, dans le Xe ou XIe siècle de notre ère, le décrit comme un arbre du pays des Mahométans, ce qui signifie le nord-ouest de l’Inde ou la Perse.

Les botanistes anglo-indiens[5] disent que l’Amandier est cultivé dans les régions fraîches de l’Inde, mais quelques-uns ajoutent qu’il n’y prospère pas et qu’on fait venir beaucoup d’amandes de Perse[6]. On ne connaît aucun nom sanscrit, ni même des langues dérivées du sanscrit. Évidemment, le nord-ouest de l’Inde est hors de la patrie originelle de l’espèce.

Au contraire, de la Mésopotamie et du Turkestan jusqu’en Algérie, il ne manque pas de localités dans lesquelles d’excellents botanistes ont trouvé l’Amandier tout à fait sauvage. M. Boissier[7] a vu des échantillons recueillis dans les rocailles en

  1. Piddington, Index ; Roxburgh, Fl. ind., l. c. ; Forskal, Fl. Egypt. ; Delile, Ill. Egypt.
  2. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical works.
  3. Bretschneider, Early european researches. p. 149.
  4. Bretschneider, Study and value, etc., p. 10, et Early researches, p. 149.
  5. Brandis, Forest flora ; sir J. Hooker, Fl. of brit. India, 3, p. 313.
  6. Roxburgh, Fl. ind., éd. 2, vol. 2, p. 500 ; Royle, Ill. Himal., p. 204.
  7. Boissier, Fl. or., 3, p. 641.