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ABRICOTIER

mais, d’après ce qu’il a bien voulu m’écrire, il ne peut pas affirmer la qualité spontanée, l’étiquette des collecteurs ne donnant aucune information à cet égard.

Roxburgh[1], qui ne négligeait pas les questions d’origine, dit en parlant de l’Abricotier ; « natif de Chine aussi bien que de l’ouest de l’Asie. » Or je lis dans le curieux opuscule du Dr  Bretschneider[2], rédigé à Pékin, le passage suivant, qui me paraît trancher la question en faveur de l’origine chinoise ; Sing, comme on le sait bien, est l’abricot (Prunus Armeniaca), Le caractère (un signe chinois imprimé p. 10) n’existe, comme indiquant un fruit, ni dans le Shu-King ou les Shi-King, Cihouli, etc. ; mais le Shan-hai King dit que plusieurs Sing croissent sur les collines (ici un caractère chinois). En outre, le nom de l’abricot est représenté par un caractère particulier, ce qui peut démontrer qu’il est indigène en Chine. » Le Shan-hai-King est attribué à l’empereur Yü, qui vivait en 2205-2198 avant Jésus-Christ. Decaisne[3], qui a soupçonné le premier l’origine chinoise de l’abricot, avait reçu récemment du Dr  Bretschneider des échantillons accompagnés de la note suivante : « N° 24, Abricotier sauvage des montagnes de Peking, où il croît en abondance. Le fruit est petit (2 cent. 1/2 de diamètre). Sa peau est jaune et rouge ; sa chair est jaune rougeâtre, d’une saveur acide, mais mangeable. — N° 25, noyaux de l’Abricotier cultivé aux environs de Peking. Le fruit est deux fois plus gros que le sauvage[4]. » Decaisne ajoutait dans la lettre qu’il avait bien voulu m’écrire : « La forme et la surface des noyaux sont absolument semblables à celles de nos petits abricots ; ils sont lisses et non rugueux. » Les feuilles qu’il m’a envoyées sont bien de l’Abricotier.

On ne cite pas l’abricotier dans la région du fleuve Amur, ni au Japon[5].. Peut-être le froid de l’hiver y est-il trop rigoureux. Si l’on réfléchit au défaut de communications, dans les temps anciens, entre la Chine et l’Inde, et aux assertions de l’indigénat de l’espèce dans ces deux pays, on est tenté de croire au premier aperçu que la patrie ancienne s’étendait du nord-ouest de l’Inde à la Chine. Cependant, si l’on veut adopter cette hypothèse, il faut admettre aussi que la culture de l’Abricotier se serait répandue bien tard du côté de l’ouest. On ne lui connaît en effet aucun nom sanscrit ni hébreu, mais seulement un nom hindou, Zard-alu, et un nom persan, Mischmisch, qui a passé dans

  1. Roxburgh, Fl. ind., éd. 2, v. 2, p. 501.
  2. Bretschneider, On the study and value of chinese works of botany, p. 10 et 49.
  3. Decaisne, Jardin fruitier du Muséum, vol. 8, article Abricotier.
  4. Le Dr  Bretschneider confirme ceci dans son opuscule récent : Notes on botanical questions, p. 3.
  5. Le Prunus Armeniaca de Thunberg est le Pr. Mume de Siebold et Zuccarini. L’Abricotier n’est pas mentionné dans l’Enumeratio, etc, de Franchet et Savatier