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CERISIER COMMUN OU GRIOTTIER

peut-être d’un temps historique. Si l’on ne découvre pas des noyaux plus anciens de cette espèce en Europe, il deviendra vraisemblable que la naturalisation n’est pas antérieure aux migrations des Aryas.

Cerisier commun ou Griottier. — Prunus Cerasus, Linné — Cerasus vulgaris, Miller. — Baumweichsel, Sauerkirschen, des Allemands. Sour cherry, des Anglais.

Les Cerisiers de Montmorency, les Griottiers et quelques autres catégories des horticultures proviennent de cette espèce[1].

Hohenacker[2] a vu le Prunus Cerasus à Lenkoran, près de la mer Caspienne, et C. Koch[3] dans les forêts de l’Asie Mineure, ce qui veut dire, d’après le pays qu’il a parcouru, dans le nord-est de cette contrée. D’anciens auteurs l’ont trouvé à Elisabethpol et Erivan, d’après Ledebour[4]. Grisebach[5] l’indique au mont Olympe de Bithynie et ajoute qu’il est presque spontané dans les plaines de la Macédoine. L’habitation vraie et bien ancienne paraît s’étendre de la mer Caspienne jusqu’aux environs de Constantinople ; mais, dans cette contrée même, on rencontre plus souvent le Prunus avium. En effet, M. Boissier et M. de Tchihatcheff ne paraissent pas avoir vu le Prunus Cerasus même dans le Pont, quoiqu’ils aient reçu ou rapporté plusieurs échantillons du Pr. avium[6].

Dans l’Inde septentrionale, le Pr. Cerasus est seulement à l’état cultivé[7]. Les Chinois ne paraissent pas avoir eu connaissance de nos deux Cerisiers. On peut croire, d’après cela, que l’introduction dans l’Inde n’est pas fort ancienne, et ce qui le confirme, c’est l’absence de nom sanscrit.

Nous avons vu que le Pr. Cerasus est presque spontané en Macédoine, d’après Grisebach. On l’avait dit spontané en Crimée, mais Steven[8] ne l’a vu que cultivé, et Rehmann[9] ne mentionne dans la Russie méridionale comme spontanée que l’espèce voisine appelée Pr. chamæcerasus, Jacquin. Je doute beaucoup de la qualité spontanée dans toute localité au nord du Caucase. Même en Grèce, où Fraas disait avoir vu cet arbre sauvage, M. de Heldreich le connaît seulement comme cultivé[10]. En Dalmatie[11],

  1. Pour les variétés si nombreuses et qui ont des noms vulgaires si variables selon les provinces, on peut consulter le nouveau Duhamel, vol. 5, où se trouvent de bonnes figures coloriées.
  2. Hohenacker, Plantæ Talysch., p. 128.
  3. Koch, Dendrologie, 1, p. 110.
  4. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 6.
  5. Grisebach, Spicilegium fl. rumelicæ, p. 86.
  6. Boissier, Fl. orientalis, 2, p. 649 ; Tchihatcheff, Asie Mineure, Bot., p. 198.
  7. Sir J. Hooker, Fl. of brit. India, 2, p. 313.
  8. Steven, Verzeichniss Halbinseln, etc., p. 147.
  9. Rehmann, Verhandl. Nat. Ver. Brunn, X, 1871.
  10. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 69 ; Pflanzen d. attisch. Ebene, p. 477.
  11. Visiani, Fl. Dalmat., 3, p. 258.