Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
MANGUIER

ancienne, par les Portugais, d’Amérique dans l’archipel asiatique[1]. Le nom malais qu’il cite, Cadju, est américain ; celui usité à Amboine signifiait fruit de Portugal ; celui de Macassar était tiré d’une ressemblance avec le fruit du Jambosa. L’espèce, dit Rumphius, n’était pas très répandue dans les îles ; Garcia ab Orto ne l’avait pas trouvée à Goa en 1550, mais Acosta l’avait vue ensuite à Couchin, et les Portugais l’avaient multipliée dans l’Inde et l’Archipel indien. D’après Blume et Miquel, l’espèce est seulement cultivée à Java. Rheede dit, il est vrai, qu’elle abonde au Malabar (provenit ubique), mais il cite un seul nom qui paraisse indien, Kapa-mava, et les autres dérivent du nom américain. Piddington n’indique aucun nom sanscrit. Enfin les botanistes anglo-indiens, après avoir hésité sur l’origine, admettent aujourd’hui l’importation d’Amérique à une époque déjà ancienne. Ils ajoutent que l’espèce s’est naturalisée dans les forêts de l’Inde anglaise[2].

L’indigénat en Afrique est encore plus contestable, et il est aisé d’en montrer la fausseté. Loureiro[3] avait vu l’espèce sur la côte orientale de ce continent, mais il la supposait d’origine américaine. Thonning ne l’a pas vue en Guinée, et Brown ne l’indiquait pas au Congo[4]. Il est vrai que l’herbier de Kew a reçu des échantillons de ce dernier pays et des îles du golfe de Guinée, mais M. Oliver parle de l’espèce comme cultivée[5]. Un arbre dont l’habitation est vaste en Amérique, et qui s’est naturalisé dans plusieurs régions de l’Inde depuis deux siècles, existerait dans une grande étendue de l’Afrique intertropicale s’il était indigène dans cette partie du monde.

Manguier. — Mangifera indica, Linné.

De la même famille que le Pommier d’Acajou, cet arbre donne cependant un véritable fruit, de la forme et de la couleur à peu près de l’abricot[6].

On ne peut douter qu’il ne soit originaire de l’Asie méridionale ou de l’archipel indien quand on voit la multitude des variétés cultivées dans ces pays, la quantité des noms vulgaires anciens, en particulier un nom sanscrit[7], et l’abondance dans les jardins du Bengale, de la péninsule indienne et de Ceylan, même à l’époque de Rheede. Du côté de la Chine la culture en était moins répandue, car Loureiro la mentionne seulement en Cochinchine. D’après Rumphius[8], elle avait été introduite, de

  1. Rumphius, Herb. Amboin., 1, p. 177, 178.
  2. Beddone, Flora sylvatica, t. 163 ; Hooker, Flora of brit. India, 2, p. 20.
  3. Loureiro, Fl. cochinch., p. 304.
  4. Brown, Congo, p. 12 et 49.
  5. Oliver, Flora of tropical Africa, 1, p. 443.
  6. Voir la planche 4510 du Botanical magazine.
  7. Roxburgh, Flora indica, éd. 2, vol. 2, p. 435 ; Piddington, Index.
  8. Rumphius, Herb. Amboin., 1, p. 95.