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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

l’ont reçue au commencement de notre ère, et que ces derniers l’ont portée en Barbarie et en Espagne, où elle s’est naturalisée partiellement, d’une manière souvent douteuse, à la suite des cultures.

Jujubier Lotus. — Zizyphus Lotus, Desfontaines.

Le fruit de ce Jujubier ne mérite pas d’attirer l’attention, si ce n’est au point de vue historique. C’était, dit-on, la nourriture des Lotophages, peuple de la côte de Lybie, dont Homère et Hérodote[1] ont parlé avec plus ou moins d’exactitude. Il fallait qu’on fût bien pauvre ou bien sobre dans cette contrée, car une baie de la grosseur d’une petite cerise, fade ou médiocrement sucrée, ne contenterait pas des hommes ordinaires.

Rien ne prouve que les Lotophages eussent l’habitude de cultiver ce petit arbre ou arbuste. Ils en recueillaient sans doute les fruits dans la campagne, car l’espèce est assez commune dans l’Afrique septentrionale. Une édition de Théophraste porte cependant qu’il y avait des Lotos sans noyaux, ce qui suppose une culture[2]. On les plantait dans les jardins, comme cela se fait encore de nos jours en Égypte[3] ; mais il ne semble pas que l’usage en ait été fréquent, même chez les anciens.

Du reste, il a été émis des opinions très différentes sur le Lotos des Lotophages[4], et il ne faut pas insister sur un point aussi obscur, où l’imagination d’un poète et l’ignorance populaire ont pu jouer un grand rôle.

Le Jujubier Lotus est sauvage maintenant, dans les localités arides, depuis l’Égypte jusqu’au Maroc, dans le midi de l’Espagne, à Terracine et autour de Palerme[5] Dans ces localités italiennes isolées, c’est le résultat probablement de cultures.

Jujubier de l’Inde[6]. — Zizyphus Jujuba, Lamarck. — Ber, des Hindous et Anglo-Indiens. — Masson, à l’île Maurice.

Ce Jujubier est cultivé plus au midi que le commun, mais dans une étendue de pays non moins grande. Le fruit ressemble tantôt à une cerise avant maturité, tantôt à une olive, comme on peut le voir dans la planche publiée par Bouton dans Hooker, Journal of botany, 1, pl. 140. Le nombre des variétés

  1. Odyssée, l. 1, v. 84 ; Hérodote, l. 4, p. 177 ; traduits dans Lenz, Botanik der Alten, p. 653.
  2. Théophraste, Hist., l. 4, c. 4, éd. de 1644. L’édition de 1613 ne contient pas les mots relatifs à ce détail.
  3. Schweinfurth et Ascherson, Beitr., zur Flora Æthiopiens, p. 263.
  4. Voir l’article sur le Caroubier.
  5. Desfontaines, Fl. atlant., 1, p. 200 ; Munby, Catal. Alger., éd. 2. p. 9 ; Ball, Spicil. Fl. Maroc, p. 301 ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 481 ; Bertoloni, Fl. ital., 2. p. 664.
  6. Ce nom, peu usité, est déjà dans Bauhin, sous la forme de Jujuba indica.