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ORANGER

Les premiers botanistes anglo-indiens tels que Roxburgh, Royle, Griffith, Wight, n’avaient pas rencontré le Bigaradier sauvage ; mais toutes les probabilités indiquaient la région orientale de l’Inde comme sa patrie primitive. Le Dr Wallich a mentionné la localité de Sillet[1] sans affirmer la spontanéité. Après lui, sir Joseph Hooker[2] a vu l’oranger amer bien certainement spontané dans plusieurs districts au midi de l’Himalaya, de Garwal et Sikkim à Khasia. Son fruit était sphérique ou un peu déprimé, de deux pouces de diamètre, très coloré, non mangeable, d’une saveur (si je me souviens bien, dit l’auteur) dégoûtante (mawkish) et amère. Le Citrus fusca, de Loureiro[3], semblable, d’après lui, à la planche 23 de Rumphius, et spontané en Cochinchine et en Chine, pourrait bien être le Bigaradier, ont l’habitation s’étendrait vers l’est.

2o Oranger à fruit doux, Arancio dolce des Italiens, Apfelsine des Allemands — Citrus Aurantium sinense, Gallesio.

Selon Royle[4], il existe des oranges douces, sauvages, à Sillet et dans les Nilghiries, mais l’assertion n’est pas accompagnée de détails qui permettent de lui donner de l’importance. D’après le même auteur, l’expédition de Turner avait cueilli des orange » sauvages « délicieuses » à Buxedwar, localité au nord-est de Rungpoor, dans le Bengale. D’un autre côté, les botanistes Brandis et sir Joseph Hooker ne mentionnent pas l’oranger doux comme spontané dans l’Inde anglaise. Ils le disent seulement cultivé. Kurz n’en parle pas du tout dans sa flore forestière du pays Burman anglais. Plus à l’est, en Cochinchine, Loureiro[5] a décrit un C. Aurantium à pulpe moitié acide moitié douce (acido-dulcis), qui parait être l’oranger à fruits doux et qui « habite à l’état cultivé et non cultivé en Cochinchine et en Chine ». Je rappelle que les auteurs chinois considèrent les orangers, en général, comme des arbres de leur pays ; mais on manque d’informations précises sur chaque espèce ou variété, au point de vue de l’indigénat.

D’après l’ensemble de ces documents, l’oranger à fruit doux parait originaire de la Chine méridionale et de la Cochinchine, avec une extension douteuse et accidentelle, par un effet de semis, dans la région de l’Inde.

Cherchons dans quels pays sa culture a commencé et comment elle s’est propagée. Il en résultera peut-être plus de lumière sur l’origine et sur la distinction des Orangers proprement dits d’avec les Bigaradiers.

Un fruit aussi gros et aussi agréable au goût que l’orange

  1. Wallich, List, n° 6384.
  2. Hooker, Fl. of brit. India, 1, p. 515.
  3. Loureiro, Fl. cochinch., p. 571.
  4. Royle, Illustr. of Himalaya, p. 160. Il cite Turner, Voyage au Thibet, p. 20 et 387.
  5. Loureiro, Fl. cochinch., p. 569.