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GIROFLIER — HOUBLON

Giroflier, d’une petite île voisine de la terre des Papous. Il est aisé de voir que son faux Giroflier diffère complètement par les feuilles obtuses du vrai Giroflier et aussi des deux Girofliers de Rumphius. Je ne puis me décider à réunir ces diverses plantes, sauvages et cultivées, comme le font tous les auteurs[1]. Il est surtout nécessaire d’exclure la planche 120 de Sonnerat, qui est admise dans le Botanical Magazine, On trouve dans cet ouvrage, dans le Dictionnaire d’agriculture et dans les dictionnaires d’histoire naturelle l’exposé historique de la culture du Giroflier et de son transport en divers pays.

S’il est vrai, comme le dit Roxburgh[2], que la langue sanscrite avait un nom, Luvunga, pour le clou de girofle, le commerce de cette épice daterait d’une époque bien ancienne, même en supposant que le nom fût plus moderne que le vrai sanscrit. Je doute de sa réalité, car les Romains auraient eu connaissance d’un objet aussi facile à transporter, et il ne paraît pas qu’on en ait reçu en Europe avant l’époque de la découverte des Moluques par les Portugais.

Houblon.Humulus Lupulus, Linné.

Le Houblon est spontané en Europe depuis l’Angleterre et la Suède jusque sur les montagnes de la région de la mer Méditerranée, et en Asie jusqu’à Damas, jusqu’au midi de la mer Caspienne et de la Sibérie orientale[3] ;[4] ; mais on ne l’a pas trouvé dans l’Inde, le nord de la Chine et la région du fleuve Amour.

Malgré l’apparence tout à fait sauvage du Houblon en Europe, dans des localités éloignées des cultures, on s’est demandé quelquefois s’il n’est pas originaire d’Asie[5]. Je ne pense pas qu’on puisse le prouver, ni même que cela soit probable. La circonstance que les Grecs et les Latins n’ont pas parlé de l’emploi du Houblon pour la bière s’explique aisément par le fait qu’ils connaissaient bien peu cette boisson. Si les Grecs n’ont pas mentionné la plante, c’est simplement peut-être parce qu’elle est rare dans leur pays. D’après le nom italien, Lupulo, on soupçonne que Pline en a parlé, à la suite d’autres légumes, sous le nom de Lupus salictarius[6]. Que l’usage de brasser avec le Houblon se soit répandu seulement dans le moyen âge, cela ne prouve rien, si ce n’est que l’on employait jadis d’autres plantes, comme on le fait encore dans certaines localités. Les Celtes, les Germains, d’autres peuples.

  1. Thunberg, Diss., II, p. 326 ; de Candolle, Prodr., IIÏ, p. 262 ; Hooker, Bot. mag., tab. 2749 ; Hasskarl, Cat. h. Bogor. alt., p. 261.
  2. Roxburgh, Flora indica, éd. 1832, vol. 2, p. 494.
  3. Alph. de Candolle, dans Prodromus, vol. 16, sect. 1, p. 29 ; Boissier, Fl. orient., 4, p. 1152 ; Hohenacker, Enum. plant. Talysch, p. 30
  4. Buhse, Aufzählung Transcaucasien, d. 202.
  5. Hehn, Nutzpflanzen und Hausthiere in ihren übergang aus Asien, ed. 3, p. 415.
  6. Pline, Hist. l. 21, c. 15. Il mentionne à cet endroit l’Asperge, et l’on sait que les jeunes pousses de Houblon se mangent de la même manière.