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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES

originaire d’Asie. Elles sont toutes d’Amérique, excepté les N. suaveolens, de la Nouvelle Hollande, et N. fragrans, de l’Île des Pins, au sud de la Nouvelle-Calédonie.

Plusieurs Nicotiana, autres que les Tabacum et rustica, ont été cultivés çà et là par des sauvages ou, comme curiosité, par des Européens. Il est singulier qu’on s’occupe si rarement de ces essais, au moyen desquels on obtiendrait peut-être des tabacs très particuliers. Les espèces à fleurs blanches donneraient probablement des tabacs légers et parfumés, et comme certains fumeurs recherchent les tabacs les plus forts, les plus désagréables possible aux personnes qui ne fument pas, je leur recommanderai le Nicotiana angustifolia, du Chili, que les indigènes appellent Tabaco del Diablo[1].

Cannelier. — Cinnamomum zeylanicun, Breyn.

Le petit arbre, de la famille des Lauracées, dont l’écorce des jeunes rameaux est la cannelle du commerce, existe en grande quantité dans les forêts de Ceylan. Certaines formes qui se trouvent sauvages dans l’Inde continentale étaient regardées autrefois comme autant d’espèces distinctes, mais les botanistes anglo-indiens s’accordent à les réunir avec celle de Ceylan[2].

Les écorces du Cannelier et d’autres Cinnamomum non cultivés, qui produisent le cassia ou cassia de Chine, ont été l’objet d’un commerce important dès les temps les plus reculés. MM. Flückiger et Hanbury[3] ont traité ce point historique avec une érudition si complète que nous devons simplement renvoyer à leur ouvrage. Ce qui nous importe, à notre point de vue, c’est de constater combien la culture du cannelier est moderne relativement à l’exploitation de l’espèce. C’est seulement de 1765 à 1770 qu’un colon de Ceylan, appelé de Koke, soutenu par le gouverneur de l’île, Falck, fit des plantations qui réussirent à merveille. Elles ont diminué depuis quelques années à Ceylan ; mais on en a fait ailleurs, dans les pays tropicaux de l’ancien et du nouveau monde. L’espèce se naturalise facilement hors des cultures[4], parce que les oiseaux en recherchent les fruits avec avidité et sèment les graines dans les forêts.

Ramié. — China grass, des Anglais, — Boehmeria nivea, Hooker et Arnott.

La culture de cette précieuse Urticacée a été introduite dans le midi des États-Unis et de la France, depuis une trentaine d’années ; mais le commerce avait fait connaître auparavant la

  1. Bertero, dans Prodr., XII, sect. 1, p. 568.
  2. Thwaites, Enum. Zeylanis. p. 252 ; Brandis, Forets flora of India, p. 375.
  3. Flückiger et Hanbury, Histoire des drogues d’origine végétale, trad. franç.2, p. 224 ; Porter, The tropical agriculturist, p. 568.
  4. Brandis, l. c. Griesebach, Fl. of brit. W. India islands, p. 179.