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SUMAC, CAT, MATÉ, COCA

tantes que celles du café, et il note qu’un cheikh obligé de recevoir poliment beaucoup de visiteurs achetait pour 100 francs de feuilles par jour[1]. En Abyssinie, on emploie aussi les feuilles en infusion comme une sorte de thé[2]. Malgré la passion avec laquelle on recherche les excitants, cette espèce ne s’est pas répandue dans les pays voisins où elle réussirait, comme le Belouchistan, l’Inde méridionale, etc.

Le Catha est spontané en Abyssinie[3]. On ne l’a pas encore trouvé tel en Arabie. Il est vrai que l’intérieur du pays est à peu près inconnu aux botanistes. Les pieds non cultivés dont parle Botta sont-ils spontanés et aborigènes, ou échappés des cultures et plus ou moins naturalisés ? C’est ce qu’on ne peut dire d’après son récit. Peut-être le Catha a-t-il été introduit d’Abyssinie avec le caféier, qu’on n’a pas vu davantage spontané en Arabie.

Maté. — Ilex paraguariensis, Saint-Hilaire.

Les habitants du Brésil et du Paraguay font usage, depuis un temps immémorial, des feuilles de cet arbuste, comme les Chinois de celles du thé. Ils les récoltent surtout dans les forêts humides de l’intérieur, entre les 20e et 30e degrés de latitude sud, et le commerce les transporte séchées, à de grandes distances, dans la plus grande partie de l’Amérique méridionale. Ces feuilles renferment, avec de l’arôme et du tannin, un principe analogue à celui du thé et du café ; cependant on ne les aime guère, dans les pays où le thé de Chine est répandu. Les plantations de Maté ne sont pas encore aussi importantes que l’exploitation des arbustes sauvages, mais elles pourront augmenter à mesure que la population augmentera. D’ailleurs la préparation est plus facile que celle du thé, parce qu’on ne roule pas les feuilles.

Des figures et descriptions de l’espèce, avec de nombreux détails sur son emploi et ses propriétés, se trouvent dans les ouvrages de Saint-Hilaire, sir W. J. Hooker et de Martius[4].

Coca. — Erythroxylon Coca, Lamarck.

Les indigènes du Pérou et des provinces voisines, du moins dans les parties chaudes et humides, cultivent cet arbuste, dont ils mâchent les feuilles, comme on fait dans l’Inde pour le Bétel. L’usage en est très ancien. Il s’était répandu même dans

  1. Forskal, Flora ægypto-arab., p. 65 ; Riehard, Tentamen fl. abyss., 1, p. 134, t. 30 ; Botta, Archives du Muséum, 9, p. 73.
  2. Hochstetter, dans Flora, 1841, p. 663.
  3. Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 263 ; Oliver, Flora of tropical Africa, 1, p. 364.
  4. Aug. de Saint-Hilaire, Mém. du Muséum, 9, p. 351, Ann. sc. nat., 3o  série, 14, p. 52 ; Hooker, London journal of botany, 1, p. 34 ; de Martius, Flora brasiliensis, vol. II, part. 1, p. 119.