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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES

Le C. capsularis a un fruit presque sphérique, déprimé au sommet et bordé de côtes longitudinales. On peut en voir une bonne figure coloriée dans l’ouvrage de Jacquin fils, Eclogæ, pl. 119. Le C. olitorius, au contraire, a un fruit allongé, comme une silique de crucifère. Il est figuré dans le Botanical magazine, t. 2810, et dans Lamarck, Illustr., t. 478.

Les espèces du genre sont distribuées assez également dans les régions chaudes d’Asie, d’Afrique et d’Amérique ; par conséquent, l’origine de chacune ne peut cas être présumée. Il faut la chercher dans les flores et les herbiers, en s’aidant de données historiques ou autres.

Le Corchorus capsularis est cultivé fréquemment dans les îles de la Sonde, à Ceylan, dans la péninsule indienne, au Bengale, dans la Chine méridionale, aux îles Philippines[1] ; en général dans l’Asie méridionale. Forster n’en parle pas dans son volume sur les plantes usitées par les habitants des îles de la mer Pacifique, d’où l’on peut inférer que, lors du voyage de Cook, il y a un siècle, la culture ne s’en était pas répandue dans cette direction. On peut même soupçonner, d’après cela, qu’elle ne date pas d’une époque très reculée dans les îles de l’archipel Indien.

Blume dit que le Corchorus capsularis croît dans les terrains marécageux de Java, près de Parang[2], et je possède deux échantillons de Java qui ne sont pas donnés pour cultivés[3]. Thwaites l’indique à Ceylan comme « très commun »[4]. Sur le continent indien, les auteurs en parlent plutôt comme d’une espèce cultivée au Bengale et en Chine. Wight, qui a donné une bonne figure de la plante, n’indique aucun lieu de naissance. Edgeworth[5], qui a vu de près la flore du district de Banda, indique « les champs ». Dans la flore de l’Inde anglaise, M. Masters, qui a rédigé l’article des Tiliacées, d’après les herbiers de Kew, s’exprime ainsi : « Dans les parties les plus chaudes de l’Inde ; cultivé dans la plupart des pays tropicaux[6]. » J’ai un échantillon du Bengale qui n’est pas donné pour cultivé. Loureiro dit : « sauvage, et cultivé dans la province de Canton en Chine[7], » ce qui signifie probablement sauvage en Cochinchine et cultivé dans la province de Canton. Au Japon, la plante croît dans les terrains cultivés[8]. En somme, je ne suis pas persuadé que l’espèce existe, à l’état vraiment spontané, au nord de Calcutta. Elle s’y est peut-être semée çà et là par suite des cultures.

  1. Rumphius, Amboin., vol. 5, p. 212 ; Roxburgh, Fl. indica, 2, p. 581 Loureiro, Fl. cochinch., 1, p. 408, etc., etc.
  2. Blume, Bijdragen, 1, p. 110.
  3. Zollinger, n° 1698 et 2761.
  4. Thwaites, Enum. Zeylan., p. 31.
  5. Edgeworth, Linnæan Soc. journ., IX.
  6. Masters, dans Hooker, Fl. ind., 1, p. 397.
  7. Loureiro, Fl. cochinch., 1, p. 408.
  8. Franchet et Savatier, Enum., 1, p. 66.