L. angustifolium. Sur trois graines que Braun[1] a vues dans le musée de Berlin, mélangées avec d’autres de plantes diverses cultivées, une lui a paru appartenir au L. angustifolium et les deux autres au L. humile, mais il faut convenir qu’une seule graine, sans la plante ou la capsule, n’est pas une preuve suffisante. Les peintures de l’ancienne Égypte montrent qu’on ne récoltait pas le Lin comme les céréales avec une faucille. On l’arrachait[2]. En Égypte, le Lin est une culture d’hiver, car la sécheresse de l’été ne permettrait pas plus d’une variété persistante que le froid dans les pays septentrionaux où l’on sème au printemps pour récolter en été. Ajoutons que le Lin annuel, de la forme appelée humile, est le seul cultivé de nos jours en Abyssinie, le seul également que les collecteurs modernes aient vu cultivé en Égypte[3].
M. Heer soupçonne que les anciens Égyptiens auraient cultivé le Linum angustifolium, de la région méditerranéenne, en le semant comme une plante annuelle[4]. Je croirais plutôt qu’ils ont emporté ou reçu leur Lin d’Asie, et déjà sous la forme de l’humile. Les usages et les figures montrent que leur culture du Lin datait d’une antiquité très reculée. Or, on sait maintenant que les Égyptiens des premières dynasties avant Chéops appartenaient à une race proto-sémitique, venue par l’isthme de Suez[5]. Le Lin a été retrouvé dans un tombeau de l’ancienne Chaldée, antérieur à Babylone[6], et son emploi dans cette région se perd dans la nuit des temps. Ainsi les premiers Égyptiens de la race blanche ont pu transporter le Lin cultivé, et, à défaut, leurs successeurs immédiats ont pu le recevoir d’Asie avant l’époque des colonies phéniciennes en Grèce et avant les rapports directs de la Grèce avec l’Égypte sous la XIVe dynastie[7].
Une introduction très ancienne d’Asie en Égypte n’empêche pas d’admettre des transports successifs de l’est à l’ouest dans des temps moins anciens que les premières dynasties égyptiennes. Ainsi les Aryens occidentaux et les Phéniciens ont pu transporter en Europe le Lin, ou un Lin plus avantageux que le L. angustifolium, pendant la période de 2500 à 1200 ans avant notre ère.
L’extension par les Aryens aurait marché plus au nord que celle par les Phéniciens. En Grèce, dans le temps de la guerre de Troie, on tirait encore les belles étoffes de Lin de la Colchide,
- ↑ A. Braun, Die Pflanzenreste des Egyptischen Museums in Berlin, in-8o, 1817, p. 4.
- ↑ Rosellini, pl. 35 et 36, cité par Unger, Bot. Streifzüge, n° 4, p. 62.
- ↑ W Schimper, Ascherson, Boissier, Schweinfurth, cités dans Al. Braun, l. c. p. 4.
- ↑ Heer, Ueb. d. Flachs, p. 26.
- ↑ Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, éd. 2 Paris, 1878, p. 13 et suivantes.
- ↑ Journal of the royal asiatic soc., vol. 13 p. 271, cité dans Heer, l. c, p. 6.
- ↑ Maspero, p. 213 et suivantes.