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THÉ

étudiés par M. Dœll[1], le Panicum maximum croît dans les éclaircies des forêts voisines de l’Amazone, près de Santarem, dans les provinces de Bahia, Ceara, Rio-de-Janeiro et Saint-Paul. Quoique la plante soit souvent cultivée dans ces pays, les localités citées, par leur nature et leur multiplicité, font présumer l’indigénat. M. Dœll a vu aussi des échantillons de la Guyane française et de la Nouvelle-Grenade.

Voyons ce qui concerne l’Afrique.

Sir W. Hooker[2] mentionnait des échantillons rapportés de Sierra Leone, d’Aguapim, des bords du Quorra et de l’île de Saint-Thomas, dans l’Afrique occidentale. Nees[3] indique l’espèce dans plusieurs localités de la colonie du Cap, même dans des broussailles et dans des pays montueux ; A. Richard[4] mentionne des localités d’Abyssinie, qui paraissent aussi en dehors des cultures, mais il convient n’être pas très sûr de l’espèce. M. Anderson, au contraire, n’hésite pas en indiquant le P. maximum comme rapporté des bords du Zambèze et de Mozambique par le voyageur Peters[5].

On sait positivement que l’espèce a été introduite à l’île Maurice par l’ancien gouverneur Labourdonnais[6], et qu’elle s’y est répandue hors des cultures, de même qu’à Rodriguez et aux Seychelles[7]. L’introduction en Asie ne peut pas être ancienne, car Roxburgh (Fl. ind.) et Miquel (Fl. ind.-bat.) ne mentionnent pas l’espèce. A Ceylan, elle est uniquement cultivée[8].

En définitive, il y a un peu plus de probabilité, ce me semble, en faveur de l’origine africaine, conformément à l’indication du nom vulgaire et à l’opinion générale, mais peu approfondie, des auteurs. Cependant, puisque la plante se répand si aisément, il est singulier qu’elle ne soit pas arrivée d’Abyssinie ou de Mozambique en Égypte et qu’on l’ait reçue si tard dans les îles de l’Afrique orientale. Si l’existence, antérieurement aux cultures, d’une même espèce phanérogame en Afrique et en Amérique n’était une chose extrêmement rare, on pourrait la supposer ; mais c’est peu vraisemblable pour une plante cultivée, dont la diffusion est évidemment très facile.

Article 3. — Emplois divers des tiges ou des feuilles.

Thé. — Thea sinensis, Linné.

Au milieu du XVIIIe siècle, lorsqu’on connaissait encore très peu

  1. Dœll, dans Flora brasil., in-fol., vol. 2, part. 2.
  2. Sir W. Hooker, Niger flora, p. 560.
  3. Nees, Floræ Africæ austr. Graminæ, p ; 36.
  4. A. Richard, Abyssinie, 2, p 373.
  5. Peters, Reise, Botanik, p. 546.
  6. Bojer, Hortus mauritianus, p. 565.
  7. Baker, Flora of Mauritius and Seychelles, p. 436.
  8. Thwaites, Enum. plant. Ceylonæ,