Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
FOURRAGES. — SERRADELLE — SPERGULE

La Serradelle ne convient que dans les terrains sablonneux et arides. C’est une plante annuelle, qui fournit en Portugal un fourrage très précoce au printemps. Sa culture, introduite dans la Campine, a bien réussi[1].

L’O. sativus parait spontané dans plusieurs localités de Portugal et du midi de l’Espagne. J’en ai un échantillon de Tanger (Salzmann), et M. Cosson l’a récolté en Algérie. Souvent on le trouve dans des champs abandonnés et même ailleurs. Il peut être difficile de savoir si les échantillons ne sont point échappés des cultures, mais on cite des localités où cela n’est pas probable, par exemple un bois de pins, près de Chiclana, dans le midi de l’Espagne (Willkomm).

Spergule ou Spargoule. — Spergula arvensis, Linné.

Cette plante annuelle, sans apparence, de la famille des Caryophyllées (tribu Alsinées), croit dans les champs sablonneux et terrains analogues en Europe, dans l’Afrique septentrionale même en Abyssinie[2] et dans l’Asie occidentale jusque dans l’Inde[3] et même à Java[4]. Il est difficile de savoir dans quelle étendue de l’ancien monde elle était primitivement indigène. Pour beaucoup de localités, on ignore si elle est vraiment spontanée ou si elle provient des cultures. Quelquefois on peut soupçonner une introduction récente. Dans l’Inde, par exemple, on en a recueilli depuis quelques années de nombreux échantillons mais Roxburgh n’a pas mentionné l’espèce, lui qui avait tant herborisé à la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci. On ne lui connaît aucun nom sanscrit ou de l’Inde moderne[5], et on ne l’a pas récoltée dans les pays entre l’Inde et la Turquie.

Les noms vulgaires peuvent indiquer quelque chose sur l’origine de l’espèce et sa culture.

On ne connaît aucun nom grec ni des auteurs latins. Celui de Spergula, en italien Spergola, a toute l’apparence d’un nom vulgaire ancien en Italie. Un autre nom italien, Erba renaiola, indique seulement la croissance dans le sable (rena). Les noms français, espagnol (Esparcillas), portugais {Esparguta), allemand (Spark) ont la même racine. Il semble que dans tout le midi de l’Europe l’espèce ait été portée de pays en pays par les Romains, avant la division des langues latines. Dans le nord, c’est toute autre chose. Il y a un nom russe, Toritsa[6] ;

  1. Bon jardinier, 1880, p. 512.
  2. Boissier, Fl. or. 1, p. 731.
  3. Hooker, Fl. brit. India, 1, p. 243, et plusieurs échantillons des Nilghiries et de Ceylan dans mon herbier.
  4. Zollinger, n° 2556, dans mon herbier.
  5. Piddington, Index.
  6. Sobolewski, Flora petrop., p. 109.