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FOURRAGES. — VESCE — JAROSSE

Ketsach des Hébreux[1]. J’ai reçu des échantillons du Cap et de Californie. L’espèce n’y est certainement pas indigène, mais naturalisée hors des cultures.

Les Romains semaient cette plante, comme fourrage et pour les graines, déjà du temps de Caton[2]. Je n’ai pas découvert de preuve d’une culture plus ancienne. Le nom Vik, d’où Vicia, est d’une date très reculée en Europe, car il existe dans l’albanais[3], qu’on regarde comme la langue des Pélasges, et chez les peuples slaves, suédois et germains, avec de légères modifications. Cela ne prouve pas que l’espèce fût cultivée. Elle est assez distincte et assez utile aux herbivores pour avoir reçu de tout temps des noms vulgaires.

Jarosse, Garousse, Gessette. — Lathyrus Cicera, Linné.

Légumineuse annuelle, estimée comme fourrage, mais dont la graine, prise comme aliment dans une certaine proportion, présente des dangers[4].

On la cultive en Italie sous le nom de Mochi[5], Quelques auteurs soupçonnent que c’est le Cicera de Columelle et l’Ervilia de Varron[6], mais le nom vulgaire italien est très différent de ceux-ci. L’espèce n’est pas cultivée en Grèce[7]. Elle l’est, plus ou moins, en France et en Espagne, sans indice que l’usage y remonte à des temps anciens. Cependant M. Wittmack[8] lui attribue, avec doute, certaines graines rapportées par M. Virchow des fouilles de Troie.

D’après les flores, elle est évidemment spontanée dans des endroits secs, hors des cultures, en Espagne et en Italie[9]. Elle l’est aussi dans la basse Égypte, d’après MM. Schweinfurth et Ascherson[10] ; mais on n’a aucun indice d’ancienne culture dans ce pays ou par les Hébreux. Vers l’orient, la qualité spontanée devient moins certaine. M. Boissier indique la plante dans « les terrains cultivés depuis la Turquie d’Europe et l’Égypte jusqu’au midi du Caucase et à Babylone[11] ». Elle n’est mentionnée dans l’Inde ni comme spontanée ni comme cultivée[12] et n’a pas le nom sanscrit.

  1. Targioni, Cenni storici, p. 30.
  2. Cato, De re rustica, éd. 1535, p. 34 ; Pline, l. 18, c. 15.
  3. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 71. Dans la langue antérieure aux Indo-Européens Vik a un autre sens, celui de hameau (Fick, Vorterb. indo-germ., p. 189).
  4. Vilmorin, Bon jardinier, 1880, p. 603.
  5. Targioni, Cenni storici, p. 31 ; Bertoloni, F. ital., 7, p. 444, 447.
  6. Lenz, Botanik d. Alten, p. 730.
  7. Fraas, Fl. class. ; Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands.
  8. Wittmack, Sitz. ber. bot. Vereins Brandenburg, 19 déc. 1879.
  9. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 313 ; Bertoloni, l. c.
  10. Schweinfurth et Ascherson, Aufählung, etc., p. 257.
  11. Boissier, Fl. orient., 2, p. 605.
  12. J. Baker, dans Hooker, Fl. of brit. India.