Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
86
PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES

et ancienne. M. de Heldreich[1] dit que les Grecs modernes cultivent la plante en abondance, pour fourrage. Ils la nomment Robai, de l’ancien grec Orobos, de même que Ervos vient du latin Ervum. La culture de l’espèce est indiquée dans les auteurs de l’antiquité grecque et latine[2]. Les anciens Grecs se servaient des graines, car on en a retrouvé dans les fouilles de Troie[3]. On cite beaucoup de noms vulgaires en Espagne, même des noms arabes[4] ; mais l’espèce y est moins cultivée depuis quelques siècles[5]. En France, elle l’est si peu que bien des ouvrages modernes d’agriculture n’en parlent pas. Elle est inconnue dans l’Inde anglaise[6].

Les ouvrages généraux indiquent l’Ervum Ervilia comme croissant dans l’Europe méridionale" ; mais, si l’on prend l’une après l’autre les flores plus estimées, on voit qu’il s’agit de localités telles que les champs, les vignes ou les terrains cultivés. De même dans l’Asie occidentale, où M. Boissier[7] parle d’échantillons de Syrie, de Perse et de l’Afghanistan. Quelquefois, dans des catalogues abrégés[8], la station n’est pas indiquée, mais nulle part je ne rencontre l’assertion que la plante ait été vue spontanée dans des endroits éloignés des cultures. Les échantillons de mon herbier ne sont pas plus probants à cet égard.

Selon toute vraisemblance, l’espèce était jadis sauvage en Grèce, en Italie, et peut-être en Espagne et en Algérie, mais la fréquence de sa culture, dans les terrains mêmes où elle existait, empêche de voir maintenant des pieds sauvages.

Vesce. — Vicia sativa, Linné.

Le Vicia sativa est une Légumineuse annuelle, spontanée dans toute l’Europe, à l’exception de la Laponie. Elle est commune également en Algérie[9] et au midi du Caucase, jusqu’à la province de Talysch[10]. Roxburgh la donne pour indigène dans le nord de l’Inde et au Bengale ; ce que sir Joseph Hooker admet seulement en ce qui concerne la variété appelée angustifolia[11]. On ne lui connaît aucun nom sanscrit, et dans les langues modernes de l’Inde seulement des noms hindous[12]. Targioni croit que c’est le

  1. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 71.
  2. Voir Lenz, Botanik d. Alten, p. 727 ; Fraas, Fl. class., p. 54.
  3. Wittmack, Sitzungsber. bot. Vereins Brandenburg, 19 déc. 1870.
  4. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 308.
  5. Herrera, Agricultura, éd. 1819, 4, p. 72.
  6. Baker, dans Hooker, Fl. brit. India.
  7. Boissier, Fl. orient., 2, p. 595.
  8. Par exemple:Munby, Catal. plant. Algeriæ, éd. 2, p. 12.
  9. Munby, Catal., éd. 2.
  10. Ledebour, Fl. ross., 1, p. 666 ; Hohenacker, Enum. plant. Talych, p. 113 ; C.-A. Meyer, Verzeichiss. p. 147.
  11. Roxburgh, Fl. ind., éd. 1832, v. 3, p. 323; Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 178.
  12. Piddington, Index, en indique quatre.