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» Mais quelle est cette cavalcade ? c’est le duc qui va s’ébattre à la chasse. Déjà la duchesse l’a précédé au château de Rouvres. Le magnifique équipage et le nombreux cortège ! Monseigneur le duc éperonne un gris pommelé qui frissonne à l’air vif et piquant du matin. Derrière lui caracolent et se pavanent les Riches de Châlons, les Nobles de Vienne, les Preux de Vergy, les Fiers de Neuchâtel, les bons Barons de Beaufremont. — Et ces deux personnages qui chevauchent à la queue de la file ? Le plus jeune, que distinguent son juste-au-corps de velours sang-de-bœuf et sa marotte grelottante, s’égosille de rire ; le plus vieux, accoutré d’une cape de drap noir sous laquelle il retrait un volumineux psautier, baisse la tête d’un air confus : l’un est le roi des Ribauds, l’autre le chapelain du duc[1]. Le fou propose au sage

    pas été de gueules plein avant de porter au pampre d’or feuillé de sinople ? C’est ce que je n’ai pas le loisir d’examiner ici.

  1. Philippe-le-Hardi avait son roi des Ribauds, il lui donna 200 liv. en 1396 (Courtépée).