Page:Aloysius Bertrand - Gaspard de la nuit, édition 1920.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE BEL ALCADE


Il me disait, le bel Alcade :
« Tant que pendra sur la cascade
Le saule aux rameaux chevelus,
Tu seras, vierge qui console,
Et mon étoile et ma boussole. »
Pourquoi pend donc encor le saule,
Et pourquoi ne m’aime-t-il plus ?

Romance espagnole.


C’est pour te suivre, ô bel Alcade, que je me suis exilée de la terre des parfums, où gémissent de mon absence mes compagnes dans la prairie, mes colombes dans le feuillage des palmiers.

Ma mère, ô bel Alcade, tendit de sa couche de douleurs la main vers moi ; cette main retomba glacée, et je ne m’arrêtai pas au seuil pour pleurer ma mère qui n’était plus.