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qui répondit : « Ton récit suffit à me donner un point de côté. »… Sybaris tomba. Le tour de Crotone vint. Et Crotone périt comme Sybaris, puis Tarente comme Crotone, parce que, dit Justin « les citoyens avaient cessé de s’exercer au courage militaire et à la pratique des combats ». Cette forte parole est à méditer. Elle établit une juste distinction entre le courage et l’exercice. On peut s’entraîner encore à des sports en vogue, alors qu’on a déjà cessé de s’entraîner à la vigueur morale qui doit les féconder.

Dans l’histoire, les situations se reproduisent parce que l’humanité demeure identique à travers des apparences changeantes. Prenons garde au luxe comme à la foule. L’athlète ivre d’acclamations populaires, si elles le saluent de façon fréquente, est voué à la démoralisation. Et si le bien-être est trop grand autour de lui, il s’en va vers la mollesse fatale. Les gymnases dans lesquels s’encadrera son travail ne risquent point d’être trop beaux ; les arts composeront à ses muscles un cadre ennoblissant. Mais ce qu’il faut craindre, ce sont les soins quintescenciés, les serviteurs nombreux, les facilités multiples, les hydrothérapies complexes et surtout l’absence de l’Esprit dont la présence reste toujours nécessaire autour des portiques où réside l’athlétisme.

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