Page:Almanach olympique 1919.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même on n’oubliera plus les six siècles d’existence indépendante de l’antique royaume arménien, les luttes religieuses contre le mazdéisme persan, puis la longue vice-royauté des Pagratides, les dévastations turques et cette interminable agonie d’un peuple qui ne voulut ni abjurer ni mourir.

Le monde arabe a ressuscité à nos yeux avec l’histoire de la civilisation originale qui du golfe Persique à Cordoue dessina pendant six cents ans un croissant scintillant. L’Arabie, … qui pensait à elle ? Y avait-il donc une Arabie ? C’est pourtant vrai que les Arabes et les Turcs ne confondent ni leurs traditions ni leur caractère. Et tandis que les Anglais récrépissent Bagdad et qu’à Damas on évoque les souvenirs de la royauté franque, le souverain de l’Hedjaz circule en chemin de fer dans ses États émancipés.

Telles furent les « découvertes » de 1917. Celles de 1918 ont plus grande envergure encore. La Russie, — terme vaste et imprécis sous lequel nous avions coutume d’englober pêle-mêle Pierre-le-Grand et Tolstoï, Catherine ii et le saint Synode, le nihilisme et les Cosaques, la poésie des steppes et l’horreur des geôles, — la Russie est apparue ce qu’elle fut toujours : une mosaïque de peuples distincts qui ne pourront être ni séparés ni unifiés : source à fois de faiblesse et de force pour

— 10 —