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De cet auteur divin je connois tout le prix ;
Et si ma Muse téméraire
Se hasarde, après lui, dans la même carrière,
C’est sans prétention : je ne veux que glaner
Les épis qu’en sa route il n’a pu moissonner[1].

Dans un verger où vivoient des abeilles,
Entra par hasard Dom Pourceau.
Notre égrillard, en ce séjour nouveau,
Va, revient, bondit ; puis, croyant faire merveilles,
Droit à la ruche il porte son museau,
Laboure tant et tant, qu’on le pique aux oreilles.
L’animal irrité s’en prend à la cloison,
L’ébranle et veut, dans sa furie,
De ses débris épars étonner la prairie.
À son sens, il avoit raison.
Mais voici bien une autre affaire :
À peine à l’œuvre il s’étoit mis,
Que sur lui fond l’essaim ; et, sans la jardinière,
Sans les valets de ferme accourus à ses cris,
C’en étoit fait du pauvre hère.

Hommes, sans vous humilier,
Ce trait-ci, de leçon peut vous servir, je pense.
Vous a-t-on fait une légère offense ?

  1. Mais ce champ ne se peut tellement moissonner,
    Que les derniers venus n’y trouvent à glaner.
    (Lafontaine. liv. 3 fab. 1.)